Actualité Le vélo, le sport préféré des jeunes ?
En bref
- Et si le pédalage avait d’autres vertus que celles que l’on prête d’ordinaire au cyclisme ? Pour en avoir le cœur net, une ONG américaine a mis en selle 1200 adolescents. En fonction du sexe et des origines sociales, les résultats se montrent mitigés, mais globalement positifs.
Les experts en santé préconisent depuis toujours la pratique d’une activité physique régulière pour se sentir bien dans son corps comme dans sa tête. L’ONG Outride, spécialisée dans l’éducation physique scolaire, a jeté son dévolu sur le biclou pour tester ses effets ou plutôt ses bienfaits sur les adolescents. Aux États-Unis, près de 1200 collégiens, âgés de 11 à 14 ans, se sont prêtés à cette expérimentation.
Le cyclisme, un nouveau remède contre le mal-être
En préambule, les auteurs de cette étude rappellent que depuis la crise sanitaire, il a été démontré à maintes reprises combien la (bonne) santé mentale des jeunes était menacée. En cause, la pression des études, mais aussi pour certain le harcèlement scolaire. Pour mesurer la véracité de l’adage « un esprit sain dans un corps sain », l’ONG a donc dispensé des cours de cyclisme à des collégiens dans le cadre du programme Ride for Focus. Les résultats sont sans appel : « le cyclisme contribue à l'amélioration de la santé mentale et du bien-être chez les adolescents », affirment les auteurs.
Trois fois par semaine, les élèves ont donc appris les règles de sécurité et les techniques pour réaliser des manœuvres. L’objectif inavoué de ce projet étant de transmettre le goût de l’activité physique : « Les étudiants apprennent à prendre l'habitude de faire de l'exercice, à aimer en faire et à utiliser l'exercice pour améliorer d'autres aspects de leur vie. » La radio publique nationale américaine NPR s’est penchée sur cette expérimentation et a interrogé auteurs et experts dont le Dr Allan Reiss. Et ce professeur de psychiatrie et de pédiatrie à la faculté de médecine de l'université de Stanford ne tarit pas d’éloges pour la petite reine : « Cela (NDLR : la pratique du vélo) engage toutes les autres parties du cerveau, comme la perception sensorielle. Vous vous concentrez sur ce que vous entendez, vous vous équilibrez, vous avancez et tournez. »
Pour Esther Walker, directrice principale du programme de recherche de Outride, cette initiative offre avant tout un moment privilégié entre camarades. À ses yeux, montrer aux élèves qu’il existe des échappatoires demeure primordial, particulièrement à l’adolescence : "Ils commencent à éprouver toutes sortes de pressions sociales, d'anxiété, de stress à l'école, de stress à la maison. C'est donc un moment important pour fournir des débouchés supplémentaires, pour explorer non seulement l'activité physique, mais aussi la liberté et le soulagement que procure une balade à vélo."
Le vélo, un remède à résultats variables
Selon ce même rapport, les jeunes hommes seraient moins sujets à l’anxiété, mais aussi moins sensibles aux bénéfices du cyclisme. Pour les étudiantes de l’échantillon, c’est l’inverse : alors qu’elles présentaient un risque accru de développer des troubles psychiques comme la dépression, le vélo a eu davantage d’impact positif sur elles. Il est à relever que les jeunes évoluant dans un contexte économique difficile ont moins de chances de se détendre en pratiquant le vélo. En revanche, pour ceux atteints du trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), le pédalage réduirait les symptômes.
Et l’ONG de rappeler que les habitudes du quotidien restent un des facteurs déterminants du bien-être de l'adolescent. L’impact du manque de sommeil comme de l’hygiène ne peut être contrebalancé par cette activité sportive. Au même titre que les jeunes ne parvenant pas à réduire leur temps d’écran à deux heures par jour. Pour tous ceux-là, le cyclisme ne fait pas de miracle. Si l’étude a été menée pendant la période inédite de la crise sanitaire, ses observations et conclusions demandent donc à être vérifiées par la réalisation une nouvelle étude, mais cette fois en temps normal.