Actualité Pollution numérique : favorables à la lutte contre l’obsolescence programmée, les citoyens ne veulent pas trop changer leurs habitudes

Amaury Mestre de Laroque Amaury Mestre de Laroque
Publié le 03-07-2023

En bref

  • Une vaste consultation met en lumière les aspirations des citoyens à un numérique durable. Prolongation de la durée de vie des produits, gestion des déchets, réduction des spams et du démarchage téléphonique sont autant de priorités avancées. Mais gare aux mesures contraignantes à même de bousculer le quotidien de tous, elles coincent.
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Pollution numérique : favorables à la lutte contre l’obsolescence programmée, les citoyens ne veulent pas trop changer leurs habitudes Crédit : Mohamed Nohassi - Unsplash

De leur conception à leur rebut, les appareils numériques sont responsables de 4% des émissions de gaz à effet de serre. Et, toujours selon l’ADEME, à l’échelle du globe, il s’échange 10 à 12 milliards d’emails toutes les heures. Pour rappel, un seul courriel émet 35 grammes de CO2… Bref, il y a urgence à réagir. Aussi, entre janvier et mars 2023, Orange et Make.org ont mené une consultation en ligne de grande envergure pour recueillir les bonnes idées visant à réduire l'impact environnemental du numérique. Parmi les 6000 propositions, il en ressort surtout qu’il faut lutter au plus vite contre l’obsolescence programmée.

De cette consultation de près de 170 000 citoyens ont émergé 6 000 propositions et 2,6 millions de votes. Et de cet ensemble conséquent se dégage un consensus autour de la nécessaire augmentation de la durée de vie des produits numériques. Plus de la moitié des propositions plébiscitées vont dans ce sens, avec notamment une forte volonté de développer et de rendre accessibles les solutions de réparation, en généralisant l'utilisation de pièces détachées interchangeables, notamment pour les batteries. Les Français interrogés appellent aussi à la création de services dédiés au sein des boutiques, toujours dans l’optique de faciliter la réparation des équipements. Avec l’ambition de lutter contre l'obsolescence programmée, vivement critiquée tant sur le matériel que les mises à jour logicielles, ils demandent une extension des garanties. La gestion des déchets numériques demeure également un enjeu majeur pour des citoyens qui attendent un renforcement des capacités de recyclage des matériaux, une amélioration du système de récupération des équipements et de vente des produits reconditionnés.

Les participants à cette enquête se montrent catégoriques. Il faut réduire drastiquement les e-mails publicitaires (spams) et, dans une moindre mesure, le démarchage téléphonique. Ces pratiques sont associées au gaspillage d'énergie comme de capacité de stockage. Ils attendent des entreprises adeptes de ces pratiques publicitaires qu’elles prennent des mesures immédiates, sous peine de pénalités financières. Attendues également : de meilleures fonctionnalités de filtrage pour les utilisateurs. Si les citoyens espèrent d’Orange, premier opérateur télécom français, qu'il établisse des partenariats avec des entreprises et des prestataires plus responsables, ils souhaitent aussi que leurs comportements vertueux soient récompensés. Ainsi, les clients faisant des efforts pour réduire leur impact environnemental seraient gratifiés de réductions de prix sur les forfaits. Toutefois, cette même clientèle freine des quatre fers quand on avance des mesures impliquant un changement sensible de leurs habitudes… Ainsi, la réduction des données mobiles des forfaits ou du nombre d’équipements par foyer suscite une opposition nette de près de la moitié des participants. D’ailleurs, les propositions visant à réduire l'utilisation d'Internet, des réseaux sociaux ou de la diffusion en continu de vidéos ont engendré un clivage important parmi eux et sont perçues comme des leviers de changement moins intuitifs. Moralité : d’accord pour moins polluer, mais sans trop changer son quotidien. Mais est-ce bien compatible ?

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