Témoignage Sage-femme, un métier qui attire peu les hommes
En bref
- Un homme qui exerce le métier de sage-femme est-il un sage-homme ? Non, le mot n'existe pas ! En France, le métier ne s'est ouvert aux hommes qu'en 1982. Et la situation a peu évolué en trente ans, puisque la profession compte seulement 1 % d'hommes. Jean-Daniel est l’un d'eux. Témoignage.
“Pour beaucoup de gens, la sage-femme se contente de donner le bain aux bébés à la clinique, mais en réalité les sages-femmes ont de grandes responsabilités. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que nous faisons 5 ans d’études !
Nous suivons les grossesses normales dès 3 mois, jusqu’à la naissance et même après. Et le rôle des sages-femmes ne s’arrête pas à l’aspect médical : il faut aussi être psychologue ! Nous prenons du temps avec nos patientes pour répondre à leurs interrogations, une relation de confiance doit s’instaurer. L’humain est au cœur de notre métier.”
À l’école de sages-femmes, il n'y avait que deux hommes
“Quand j’ai décidé de me diriger vers ces études, mes copains et ma famille ont un peu rigolé, mais ils ont fini par s’y habituer. À l’école, nous n’étions que deux hommes. Nous avons été très bien intégrés, même si on ne passait pas inaperçus ! J’avais quand même le sentiment que, en tant qu'homme, mieux valait avoir une longueur d’avance sur les filles…”
Pourquoi un homme sage-femme ne s'appelle-t-il pas un “sage-homme” ?
“Sage-femme” signifie “qui a la connaissance de la femme”. Dans “sage-femme”, “femme” désigne donc la femme enceinte, et non la personne qui pratique le métier.
Un autre terme est parfois utilisé pour les hommes : maïeuticien, dérivé de “maïeutique”, qui signifie “l'art d'accoucher”. Mais ce nom n'a pas été reconnu par l'ordre des médecins car il est jugé trop restrictif. En effet, le ou la sage-femme fait bien plus qu'aider les femmes à accoucher !
Mon premier accouchement ? Un moment magique !
“J’ai travaillé dans un service de maternité dès ma première année d’études, et j’ai fait mon premier accouchement cette année-là. C’était magique ! Un moment intense, avec une grosse montée d’adrénaline. À tout moment, le bébé ou la maman peuvent montrer des signes de faiblesse. Il faut être très attentif. Être à cette place, voir la tête progresser, aider les couples à donner la vie, c’est génial !”
Un homme sage-femme apporte autre chose
“Je crois vraiment que le fait d’être un homme me permet d’apporter autre chose à mes patientes. Comme nous ne vivrons jamais une grossesse, nous sommes très à l'écoute.
J'aide aussi beaucoup les hommes à trouver leur place de père, notamment grâce à des cours de préparation à l’accouchement élaborés uniquement pour eux. Au début, ils ne veulent pas venir, mais, poussés par leurs femmes, ils se retrouvent vite dans mon cabinet et les langues finissent par se délier. Quand c'est parti, on pourrait y passer la nuit !”
Pas encore assez d'hommes dans ce métier
“Si ce métier attire peu les hommes, c'est simplement qu'il est peu connu. Il faut dire aussi que ce n’est pas non plus un métier très bien rémunéré par rapport aux études et aux responsabilités. Mais c'est malheureusement le propre d’un métier de femme…
D'ailleurs, les hommes sages-femmes restent peu à la maternité. Ils passent souvent des diplômes d’échographie, font des formations, intègrent un laboratoire ou se mettent en libéral. Pourtant, la maternité présente des avantages : congés payés, arrêts enfant malade, sécurité de l’emploi… En tout cas, il n’y a pas encore assez d’hommes dans ce métier !”
Renseignez-vous bien avant de vous lancer
“Si vous voulez devenir sage-femme, un conseil : renseignez-vous bien ! Assistez à un accouchement, parlez avec des sages-femmes, passez une journée dans une maternité… Et surtout, ne vous orientez pas dans cette carrière pas défaut. Nous avons besoin de sages-femmes, mais la relation humaine doit rester au cœur de notre métier.”
- BIO EXPRESS
- 2000 : bac S
- 2000-2001 : prépa privée de sages-femmes
- 2002 : obtention du concours de sage-femme
- 2002-2006 : école de sages-femmes
- 2006 : hôpital Antoine-Béclère (Clamart)
- 2006 : centre hospitalier intercommunal de Créteil
- 2008 : monte son propre cabinet