Actualité Les filles associent leurs échecs à un manque de talent, les garçons à de la malchance

Laura El Feky Laura El Feky
Publié le 06-04-2022

En bref

  • Face à un échec, les filles ont davantage tendance à penser que c’est de leur faute tandis que les garçons mettent ça sur le compte d'éléments extérieurs. Rien à voir avec les chromosomes, le problème ce sont les clichés sexistes. On vous explique.
Crédit : Unsplash

Quand vous échouez, avez-vous peur de ne pas avoir assez de talent? Selon que vous êtes une fille ou un garçon, vous n'allez probablement pas répondre de la même manière. C'est le constat fait par deux chercheurs du CNRS à partir des résultats de l'enquête internationale Pisa.

Presque partout dans le monde, les filles attribuent leurs échecs à un manque de talent inné alors que les garçons ont plutôt tendance à penser que c’est à cause d’éléments extérieurs, comme la malchance. C'est le bilan qui ressort de l'étude internationale faite sur 500 000 élèves de 15 ans à travers plus de 70 pays. Dans les pays de l'OCDE (dont la France), la différence est particulièrement marquée : 61% des filles doutent de leur talent, contre 47% des garçons.

Ce syndrome de l'imposteur commence dès le plus jeune âge. Il s'immisce même au moment de choisir son orientation, comme le pointait déjà une enquête Ispos commandée par l’école d’ingénieurs Epitech. Même avec plus de 14/20 de moyenne dans les matières scientifiques, près d’une lycéenne sur deux estime ne pas avoir le niveau pour suivre une formation en écoles d’ingénieurs ou d’informatique. Alors que les garçons, à compétences égales, sont moins nombreux (28%) à se déprécier.

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Evidemment, cet écart n’a rien à voir avec une histoire de chromosomes X ou Y. Le problème, ce sont les clichés sexistes qui attribuent certaines compétences ou certains traits de caractères à un genre (comme associer le talent aux hommes). En pensant qu'elles sont moins douées que les garçons, les filles peuvent avoir une moins bonne vision d'elles-mêmes, être moins compétitives et se détourner de postes prestigieux ou de professions exercées majoritairement par des hommes, comme dans la Tech ou dans les sciences. Selon l'étude, ces stéréotypes pourraient aussi expliquer les « plafonds de verre », ces barrières invisibles bien campées dans les mentalités auxquelles se heurtent les femmes dans leur carrière. Démonter les préjugés encore bien tenaces serait la solution.

Pour que les choses évoluent, les deux chercheurs du CNRS préconisent aussi de mettre l'accent sur l'idée que le talent « s'acquiert à force de s’entraîner, d’essayer et d’échouer ».  Selon eux, en déconstruisant l'idée de talent inné, on déconstruit aussi l'idée que les filles en sont moins dotées que les garçons.

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