Actualité Études supérieures : les stéréotypes de genre ne bougent pas
En bref
- Les stéréotypes de genre sont tenaces, y compris sur Parcoursup. En terminale, les choix d’avenir des lycéens n’échappent pas aux clichés sexistes. Les garçons optent pour des filières sélectives après le bac tandis que les filles privilégient l’université ainsi que les filières de santé.
Parcoursup sous l’influence des clichés
Si le lycée évolue au gré des réformes (bac, Parcoursup…), les stéréotypes résistent au changement. À l’heure où les lycéens commencent à recevoir leurs premières propositions sur Parcoursup (626 000 lycéens scolarisés en France ont confirmé au moins un vœu cette année), une note de la direction de l’évaluation de la prospective et de la performance du ministère de l’Éducation nationale se penche sur les différences d’orientation entre les filles et les garçons à l’entrée de l’enseignement supérieur, à partir des chiffres 2022. Il en ressort que, dès la terminale, les garçons plébiscitent les matières scientifiques, notamment les mathématiques. Tandis que les filles explorent plus volontiers les filières littéraires, quitte à bouder certaines combinaisons comme "mathématiques, physique-chimie" où elles ne représentent que 35% des effectifs. À l’inverse, elles sont surreprésentées au sein de la combinaison "humanités, littérature et philosophie, langues, littérature et culture étrangères et régionales" (86%). Si la spécialité choisie influence en grande partie les études supérieures, il semblerait que ce ne soit pas le seul facteur déterminant. Puisque même avec des spécialités similaires, les parcours des filles et des garçons après le bac peuvent diverger considérablement.
Filière sélective pour les garçons, métiers du soin pour les filles
Au sein des spécialités littéraires ou économiques, les choix d’orientation sont relativement semblables entre lycéens et lycéennes, mais il en va tout autrement pour la combinaison "mathématiques, physique-chimie". Les garçons issus de cette filière ont tendance à privilégier les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) et les écoles d’ingénieurs, tandis que les filles s’orientent davantage vers les filières de santé, comme le parcours accès santé (PASS) ou la licence accès santé (LAS). L’écart entre l'orientation des filles et des garçons se creuse encore plus parmi les élèves ayant suivi la spécialité SVT au lycée. La palme revient même à la combinaison "SVT, SES" où trois des quatre principaux débouchés sont particulièrement genrés. À niveau scolaire et social équivalent, les garçons optent massivement pour une poursuite d'études en licences sciences et technologies (STAPS notamment) et les filles en licence sciences humaines et sociales ou vers un diplôme d'État du secteur sanitaire, comme les soins infirmiers. Contribuant ainsi à perpétuer une division du travail où les activités du "care" (soigner, éduquer, prendre soin...) reviennent aux femmes.
Quand les idées reçues dictent les choix d’avenir
Selon les auteurs de la note, "deux grands types de mécanismes" pourraient être à l'œuvre. Le premier est lié aux stéréotypes de genre, par lesquels les filles ont plus de difficultés à se projeter dans des filières majoritairement masculines et vice versa. D'où l'importance de donner à voir des "role models", auxquels les élèves peuvent s'identifier. D’autre part, les filles auraient une moindre confiance en elles-mêmes, à compétences équivalentes, particulièrement en mathématiques. Autre fait étonnant : lorsqu'elles postulent en CPGE ou en BUT production, elles reçoivent un peu plus souvent que les garçons des propositions d'admission de la part des établissements, mais elles sont également plus susceptibles de décliner ces propositions, lors de la phase de confirmation des vœux. Bref, en attendant un avenir où les choix d'orientation seront plus libres et inclusifs, un conseil : ne laissez pas l'autocensure limiter vos ambitions ! Car rappelons ce paradoxe : les femmes, bien que meilleures à l'école, s'insèrent moins bien professionnellement. Selon l'Insee, elles sont aussi cantonnées à un nombre plus limité de métiers et qui plus est, toujours moins bien payées...