Actualité Un alternant sur 2 ne souhaite pas être recruté dans son entreprise d’accueil
En bref
- Considérée comme un véritable tremplin vers l’emploi, l’alternance atteint des chiffres records. Et pourtant presque 60% des alternants souhaitent quitter leur entreprise à la fin de leur contrat.
Largement soutenu par les aides gouvernementales, l’apprentissage a bondi de 37% par rapport à 2020. En 2021-2022, 718 000 nouveaux contrats d’apprentissage ont ainsi été signés dans le privé comme dans le public. Et l’année 2022-2023 est partie pour battre des records avec le maintien des aides au moins jusqu’en décembre 2022. Avec déjà un pied dans l’entreprise, on pourrait supposer que les jeunes mettent à profit cet avantage pour se faire embaucher. Et bien non ! Au terme de leur alternance, 58,5 % d’entre eux ne souhaitent pas rester dans leur entreprise d’accueil. C’est l’amer constat (pour les entreprises) que dresse l’étude menée par la start-up RH HeyTeam en partenariat avec Seekube, Alternance : enjeux, attentes et freins, publiée le 8 septembre. Réalisé avec un panel relativement restreint de 540 alternants (soit moins de 1% du nombre d’alternants total), ce rapport livre toutefois quelques tendances de fond.
L’alternance : une expérience avant tout
L'essor de l’apprentissage touche tous les âges et tous les diplômes avec cependant une forte accélération entre 2020 et 2021 sur les niveaux bac et infra bac. Nathaniel Philippe, CEO d’HeyTeam, voit dans cet effet mécanique l’une des premières explications à ce refus des jeunes de s’engager auprès de leur entreprise d’accueil." La démocratisation des contrats d'apprentissage et la hausse des aides régionales ont abaissé l'âge moyen des apprentis. Ils ont autour de 19 ans et, pour beaucoup, sont loin d'avoir terminé leurs études. L’alternance apparaît alors plus comme un outil leur permettant de découvrir différents secteurs avant de faire leur choix ", avance-t-il. Un argument d’ailleurs corroboré par les autres raisons évoquées par les alternants sondés : 27 % souhaitent diversifier leurs expériences, 20% veulent poursuivre leurs études.
Ambiance de travail : un critère prépondérant
Parallèlement, la nouvelle génération a des attentes particulières par rapport au monde du travail. L’ambiance de travail (41%) est considérée par les jeunes alternants comme le critère primordial pour rester dans une entreprise. Comme le précise Nathaniel Philippe " ces jeunes prêtent une attention particulière à leur bien-être, à leur équilibre de vie et sont attentifs aux valeurs défendues par une entreprise. Or, si ces valeurs ne sont vraies que sur le papier, ils n'hésiteront pas à aller chercher du travail ailleurs ". Loin derrière ce critère, viennent ensuite l’organisation entre le temps de travail école-entreprise (18%), la charge de travail (10%), la rémunération (9%) et la perspective d’embauche (7%).
Flexibles et déterminés, les alternants ne sont au final guère différents des salariés en poste. Et Nathaniel Philippe de conclure : " la fidélisation d’un alternant, c’est finalement presque le même combat que la fidélisation d’un collaborateur classique : le fond et la forme doivent être alignés avec leurs attentes."