Actualité Parcoursup 2023 : comment réagir en cas de mauvaises nouvelles ?
En bref
- Depuis le 1er juin, les réponses aux vœux des candidats sur Parcoursup commencent à tomber. Tout comme les premiers refus. L’occasion de faire un point avec Anne Thirouard, conseillère d’orientation au CIDJ, pour savoir comment réagir en cas de réponses non conformes à vos attentes.
Les résultats sur Parcoursup peuvent être accueillis comme une fête… ou bien comme synonyme de malaise. Si les réponses que vous avez reçues ne correspondent pas exactement à vos attentes, pas de panique ! D’abord, vous avez encore jusqu’au 7 juillet pour recevoir une réponse positive d’un de vos vœux formulés lors de la phase principale. Ensuite, vous pourrez toujours tenter votre chance lors de la phase complémentaire qui ouvrira du 15 juin jusqu’au 12 septembre prochain.
Mais avant cela, nous vous proposons de faire un point sur vos potentielles péripéties. En cette heure de choix décisifs pour votre avenir, Anne Thirouard, conseillère d’orientation au CIDJ et psychologue de formation, a répondu aux questions que vous vous posez sûrement si vous venez d'expérimenter un ou plusieurs refus. Relativiser une réponse négative, délai de réflexion et analyse des axes d’amélioration d’un dossier, voyons comme réagir pour rebondir au mieux en cas de mauvaises nouvelles !
Comment réagir face à une réponse négative que certains candidats, qui ont parfois d’excellentes notes au lycée, peuvent percevoir comme une injustice ?
Ce sont des situations qui peuvent venir toucher l’estime de soi. Ces refus peuvent créer chez les jeunes des sentiments, des émotions, notamment de la colère ou de l’autodénigrement (et de se dire que finalement on n’est pas si bon). Face à cela, il faut revenir à la réalité de ce qu’est Parcoursup.
C’est une plateforme où il y a beaucoup de candidats et au sein de laquelle, les formations sont obligées d’imposer des critères d’admission. Ces derniers dépendent des notes, mais aussi, selon les formations, de la fiche Avenir, du projet de motivation, des activités extrascolaires, etc. Même si un jeune est très bon scolairement parlant, certains critères ont fait qu’il va être moins bien classé ou recevoir une réponse négative. Mais ces critères ne remettent pas du tout en cause sa valeur individuelle. D’autant que certains sont très subjectifs.
C’est par exemple le cas des appréciations des professeurs sur la fiche Avenir. Peut-être que même si vous avez très bien travaillé, un enseignant écrira dans la partie appréciation « bon travail ». Alors qu’une personne qui aura fourni un travail moindre aura une appréciation encore plus positive.
Comment réagir si l’on n’a pas été admis dans une formation dont dépend un projet mûri de longue date ?
C’est vrai qu’au fil de la procédure, des rêves peuvent être « cassés ». Il va falloir voir comment le jeune en question réagit. Tout va dépendre de savoir à quel point ce refus le bloque. Car pour certains, c’était « ça ou rien » dans leur tête. Dans ces cas-là, on se trouve un peu comme dans une forme de deuil, et cela peut prendre du temps de digérer ça. Leur faire à nouveau prendre goût à autre chose n’est pas évident. Ici, le rôle des conseillers d’orientation peut être de leur suggérer d’ouvrir le champ sur lequel ils focalisent.
Prenons l’exemple d’un jeune qui souhaite devenir médecin, mais n’a pas été admis dans une PASS ou L.A.S. Si c’est le domaine de l’aéronautique qui lui plaît, on peut aussi lui proposer un champ de métiers et de formations plus large (pour lesquelles il pourra candidater lors de la phase complémentaire). Le tout reste que le jeune fasse un choix qui lui corresponde.
Pour se laisser un délai de réflexion, certains jeunes font aussi le choix de rejoindre un DU PaRéo (diplôme universitaire « passeport vers la réussite et l'orientation »). D’autres encore pourront partir en service civique, ou trouver un job en France ou à l’étranger pendant un an pour ensuite retenter sa chance sur Parcoursup l’année suivante.
Que peut-on conseiller à un jeune qui, pour la deuxième année d’affilée, voit la formation dont il rêvait être à nouveau refusée ?
Certains projets mettent du temps avant d’aboutir. Plusieurs refus ne sont pas forcément synonymes de mauvais choix d’orientation. J’ai donc tendance à ne pas vouloir casser les rêves. D’un autre côté, il peut être utile de montrer à un jeune qu’il n’y a pas forcément qu’un seul métier ou qu’une seule formation qui lui corresponde.
Il me semble utile aussi de prendre le temps de voir ce qui a manqué, faire le point pour comprendre ces refus multiples. Il s’agira d’analyser comment s’est déroulé son bac, d’appréhender si le jeune a mis en place des actions qui le démarquent. Cela peut être, par exemple, de participer à un stage d’observation du métier visé, de participer aux journées portes ouvertes d’une formation.
On constate parfois que certains jeunes pensent que la partie « projet de formation motivé » ne sert à rien. C’est en réalité un critère attendu qui peut être, en fonction de cursus demandés, très important. La mention d’activités extrascolaires, pour certaines formations, l’est tout autant. Toutes ces petites choses qui peuvent parfois être négligées participent aussi à la constitution d’un meilleur dossier.
Terminons sur une note positive : si un jeune reçoit deux propositions d’acceptation au sein de deux formations qui lui plaisent, comment l'aider à choisir ?
Une méthode qui marche très bien pour cela serait d’écrire les avantages et les inconvénients pour chacune des deux formations. On peut ainsi comparer plusieurs éléments comme : la mobilité pour se rendre sur le lieu des cours, le programme, les débouchés, les modalités d'enseignement, le coût des formations.
Je tiens souvent aussi à rassurer les jeunes : se réorienter si on s’est trompé reste toujours possible. Si un jeune se rend compte, lors du premier semestre de sa formation, que celle-ci ne lui convient finalement pas, il pourra se réorienter – dans la limite des places disponibles – dans une autre formation au deuxième semestre. L’autre possibilité, si l’étudiant souhaite se réorienter, pourrait être aussi de valider sa première année dans l’enseignement supérieur pour ensuite intégrer, en deuxième année, une filière qui lui plaît davantage. Là encore c’est une procédure qui n’est pas automatique où le dossier et la motivation du candidat seront pris en compte.
Parfois, j’explique aux jeunes que j’accompagne, car on a des exemples qui le démontrent, qu’on peut être en master voire en doctorat, et se réorienter. Bien sûr, ça demande des efforts, de l’énergie, mais ça reste possible. Certes, il va falloir réaliser un choix. Mais il faut aussi réaliser que rien n’est jamais définitivement bloqué ! L'orientation, c'est tout au long de la vie.