Enquête Le jeu vidéo made in France : entre dynamisme et difficultés

Marine Ilario Marine Ilario
Publié le 21-12-2015

En bref

  • Deuxième industrie culturelle en France, le jeu vidéo conserve sa place devant le cinéma. Reconnu à l'international, le savoir-faire français dans le domaine du jeu vidéo s'exporte bien. Pourtant, les entreprises françaises indépendantes ont parfois du mal à se développer. Atouts et difficultés des studios hexagonaux…
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Le jeu vidéo made in France : entre dynamisme et difficultés Crédit : PGW

"Il y a un vrai made in France", affirme Emmanuel Martin, délégué général du SELL (Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs). Il existe beaucoup d’entreprises de tailles différentes : des TPE mais aussi des studios français qui ont une véritable influence à l’international.

Le secteur du jeu vidéo est très concurrentiel, il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus. Pour exister en tant que studio indépendant, il faut faire la différence. "On s’est démarqué parce qu’on travaillait beaucoup avec notre communauté, ce qui était vraiment nouveau, il y quelques années", explique Max Von Knorring, game designer à Amplitude Studios. Une attitude qui a permis à ce studio indépendant de fidéliser plus de 120 000 personnes autour de ses jeux.

Même approche pour Mélanie Christin, cofondatrice du studio Atelier 801 : "On écoute énormément notre communauté, notamment sur nos forums et sur les réseaux sociaux. On est vraiment demandeurs de leurs retours parce qu'ils nous permettent d’améliorer nos jeux."

"Pour nous démarquer, on a misé sur un design poussé, indique Jimmy Kalhart, cofondateur du tout nouveau Too Kind Studio. On n’a pas les moyens financiers d’avoir un niveau technique similaire aux grands studios. On a donc décidé de tout miser sur le visuel, le graphisme et le scénario du jeu."

Pour faire face à la concurrence, les stratégies sont donc propres à chaque studio. Alors que certains restent fidèles à une ligne de conduite, d’autres studios s’adaptent aux tendances du secteur. "Nous, on regarde ce qui se fait, la tendance des jeux, pour s’adapter aux attentes et demandes des joueurs", explique Florian Brochard, cofondateur du studio Pinpin Team, créateur de Pyro Jump Rescue, primé à la Paris Games Week de 2015.

Même si la plupart des studios français sont jeunes (moins de 5 ans), les jeux vidéo made in France s’exportent bien. Le Français Ubisoft est incontournable dans la production de jeux vidéo dans le monde, avec plus de 20 studios implantés dans une vingtaine de pays. De plus en plus de sociétés étrangères s’associent avec des entreprises françaises pour la création de jeux vidéo à succès. C’est le cas, par exemple, de Square Enix, éditeur et créateur de jeux japonais, qui a édité récemment le jeu Life is Strange, une création française.

"En France, on dispose de plusieurs atouts : de bonnes formations reconnues à l’étranger et d'une grande capacité d’innovation, détaille Emmanuel Martin. Aujourd’hui, la France est bien présente sur la carte du jeu vidéo." Un dynamisme, un savoir faire et une créativité qui permettent au made in France de traverser les frontières.

Malgré l'optimiste avancé par le SELL, le jeu vidéo doit, entre autres, gérer des difficultés bugétaires et fiscales. Trouver des modes de financement reste le défi des studios indépendants et la France reste moins attractive fiscalement que le Canada ou la Grande-Bretagne, par exemple. Pour ces raisons, le gouvernement a mis en place plusieurs dispositifs.

En 2015, le crédit d'impôt aux jeux vidéo (CIJV) a été élargi aux jeux déconseillés aux moins de 18 ans – qui représentaient un tiers des ventes de jeux vidéo en 2014 –, permettant d’obtenir un financement des coûts de production. Le secteur bénéficie également d'un fonds d’aide, versé sous forme de subvention, qui soutient la création et l’innovation. En 2016, un fonds d’avances participatives devrait être mis en place avec une enveloppe de 20 millions d’euros pour soutenir l’industrie française du jeu vidéo. "Il s’agit de permettre aux entreprises du secteur d’accéder à des prêts participatifs. On entre dans le capital des entreprises pour les aider à se développer. Cela leur permet de faire face à une rude concurrence internationale", explique Emmanuel Martin, délégué général du SELL. Une façon de soutenir la croissance du secteur en encourageant le développement des entreprises, et non plus uniquement celui des jeux vidéo.

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