Archive Réforme des études de santé : qu’est-ce qui va changer ?
En bref
- En 2020 la paces devrait disparaître pour laisser place au portail santé et avec lui d’autres nouveautés pour les élèves qui souhaitent intégrer une formation en santé. Pour comprendre cette réforme à venir, cidj.com fait le point.
Trop sélective, difficile à suivre, coût important. La première année commune aux études de santé (paces) fait régulièrement l’objet de critiques. A la rentrée 2020, une réforme de l’accès aux études de santé devrait s’engager et avec elle la suppression de la paces, la fin du numerus clausus et l’élargissement de l’accès aux études de santé. Mais concrètement qu’est-ce que ça va changer ? On vous explique.
Etudes de santé : de la paces au portail santé
A la rentrée 2020, les étudiants qui souhaiteront intégrer un cursus en santé (qui deviendra la filière MMOP, pour médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie) pourront passer par un portail santé qui viendra remplacer la paces. Il sera accessible via Parcoursup et ne sera pas une filière dite « sélective ».
Ce portail correspondra à une année d’étude durant laquelle les étudiants devront valider 60 crédits ECTS en une année, avec des résultats supérieurs à un certain seuil. Ces deux conditions remplies donneront accès à un examen (écrit et/ou oral) qui permettra de passer en DFGS2, c’est-à-dire en 2e année de formation générale en santé. Le portail santé n’est donc pas sélectif à l’entrée mais en fin de première année. Si l’étudiant valide l’année mais échoue à l’examen, il pourra intégrer une deuxième année de licence qui propose une mineure en santé et ainsi repasser l’examen à la fin de sa L2 ou de sa L3. En revanche, s’il ne valide pas la première année, il devra se réorienter car aucun redoublement ne sera désormais possible.
Pas de révolution, donc, par rapport à la paces qui, elle aussi, n’était pas sélective à l’entrée mais à la fin de la première année. La différence réside dans la validation de 60 crédits ECTS à la fin de la première année, c’est-à-dire une équivalence avec une L1. En cas de non admission en 2e année, cette équivalence est importante parce qu’elle permet d’intégrer une 2e année de licence, donc de ne pas perdre une année et d’avoir une 2e chance d’entrer en 2e année de la filière MMOP. Pour Maxime Tournier, vice-président chargé de l’enseignement supérieur de l’ANEMF (association nationale des étudiants en médecine de France), le portail santé « est une bonne chose car on propose une voie vers la L2. Même si sur la forme, le portail ressemblera fortement à la paces, sur le fond les enseignements devraient se recentrer sur les fondamentaux nécessaires aux études de santé et plus uniquement sur le bachotage ».
Avec cette réforme, le redoublement n’est plus possible. En cas de non admission en 2e année et/ou de non validation du portail santé, vous devrez vous inscrire en licence ou vous réorienter.
Etudes de santé : vers l’élargissement des profils des candidats ?
L’un des objectifs de la réforme est de rendre les études de santé accessibles à un plus grand nombre d’étudiants issus de parcours variés. La filière MMOP sera accessible aux étudiants issus du portail santé mais pas seulement. Ceux qui suivent un cursus dans n’importe quelle licence (biologie, chimie, droit, histoire…), à partir du moment où elle propose une « mineure santé », pourraient aussi tenter d’intégrer la DFGS2. Après la 1re, 2e ou 3e année de licence, l’étudiant pourrait, sous certaines conditions (validation de crédits ECTS, moyenne minimale et réussite à un examen), intégrer la 2e année de la filière MMOP.
Mais attention, en fonction des licences suivies, les étudiants ne pourraient intégrer que certaines spécialités (maïeutique, pharmacie, odontologie ou médecine). Par exemple, une licence en psychologie permettrait d’intégrer la filière médecine ou maïeutique. Mais pour devenir pharmacien il faudrait, a priori, venir d’une licence en chimie.
60% des places proposées par les universités seraient affectées aux étudiants issus du portail santé, 40% pour les étudiants issus de licences.
On peut légitimement se demander si des étudiants, éloignés du domaine de la santé, souhaiteront (ou oseront ?) s’inscrire en filière MMOP. On constate déjà que les formations AlterPaces qui permettent, depuis quelques années, à des étudiants en licence d’intégrer les études de santé, ne font pas le plein et les quotats de places, qui leur sont réservés, sont rarement atteints.
Le numerus clausus devient numerus apertus
Avec la fin de la paces, la réforme devrait aussi mettre un terme au numerus clausus c’est-à-dire à la limitation du nombre de places ouvertes en 2e année dans les différentes filières. Le numerus clausus rendait les études en santé très sélectives. Mais la réforme prévoit la mise en place d’un numerus apertus, où le nombre de places en 2e année serait fixé librement par les universités en fonction de leur capacité d’accueil, mais aussi des besoins de la région. La sélection serait alors toujours présente en fin de première année.
A noter : Les places disponibles dans chaque spécialité et pour chaque établissement devraient être visibles dès l’inscription au portail santé sur Parcoursup.
Avec la suppression du numerus clausus, l’objectif est d’augmenter le nombre de médecins formés chaque année et tenter de régler le problème des déserts médicaux en répondant aux besoins des territoires.
Une réforme nécessaire
Pour Maxime Tournier, la réforme était attendue car nécessaire. La paces faisait depuis toujours l’objet de critiques. « Il s’agissait d’une année peu formatrice et très sélective. Il y avait un vrai problème lié à l’orientation des étudiants ». Le vice-président rappelle que l’ambition de la réforme est positive. « Il s’agit de diversifier les voies d’entrée et les profils d’étudiants en études de santé ». L’objectif de la réforme n’est pas de supprimer la sélection mais de créer une année plus humaine et plus intéressante au niveau des enseignements. « La sélection existera toujours, mais elle sera basée sur un ensemble de faits objectifs : la capacité d’accueil des établissements, les besoins territoriaux rapportés par les agences régionales de santé et un objectif pluriannuel au niveau national ».
Pour l’heure, la loi « ma santé 2022 » qui comprend cette réforme a été promulguée le 24 juillet 2019. Les décrets d’applications n’ont pas encore été publiés, mais ils devraient l’être prochainement et apporter des précisions sur la mise en œuvre de la réforme.