Interview Métiers de l’humanitaire : une expertise professionnelle nécessaire pour s’engager

Marine Ilario Marine Ilario
Publié le 06-07-2011

En bref

  • Laure Vivies, chargé d’information et de communication à l’institut Bioforce, qui propose des formations aux métiers de l’humanitaire, détaille les profils recherchés par les ONG et vous conseille avant de vous engager. Interview.
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Métiers de l’humanitaire : une expertise professionnelle nécessaire pour s’engager Crédit : Pixabay

Quels sont les profils recherchés par les ONG ?

Les ONG recherchent des personnes qui ont une compétence professionnelle particulière. Il est difficile de dire quelle est la profession la plus recherchée par les ONG parce que les besoins varient en fonction des missions de l’organisation. Nous remarquons un pic des demandes pour des profils comptables, RH ou pour les métiers de la finance. Mais des profils de logisticiens ou encore de médecins sont souvent recherchés.

Il n’est pas nécessaire d’être totalement bilingue pour partir en mission humanitaire. En revanche, il est important de maîtriser le vocabulaire anglais technique lié au métier pratiqué car les échanges entre les humanitaires se font principalement en anglais.

Les savoirs être sont aussi très importants. En mission on est amené à travailler en équipe mais également à vivre en groupe tout le long de la mission. Savoir s’intégrer et composer avec les autres sont des qualités essentielles dans l’humanitaire.

Avoir une expérience dans le bénévolat ou le volontariat peut être un plus et faire la différence mais ça ne saurait être suffisant. Cette expérience doit se coupler avec une expérience professionnelle et une expertise dans un domaine précis. Les ONG ont besoin de personnes compétentes dans leur domaine qui sont immédiatement opérationnelles sur place.

Etre humanitaire n’est pas un métier en soi : il importe d’apporter, outre sa motivation, des compétences professionnelles. Ainsi, on est responsable des ressources humaines ou encore médecin dans le contexte particulier de l’humanitaire. Il y a des compétences spécifiques à l’humanitaire qu’il importe d’acquérir, mais il est important de savoir exercer un métier donné.

Il est donc primordial que les jeunes aient une expérience professionnelle d’au moins deux ans pour justifier une pratique de leur métier. Les ONG recherchent des profils qui peuvent mettre en avant des compétences et de l’expérience professionnelle.

Nous avons beaucoup de demandes pour notre formation de logisticien qui rassemblent des profils de jeunes qui ont toujours voulu faire de l’humanitaire et des jeunes qui se réorientent après une ou deux années d’études après le bac. La formation est diplômante (titre professionnel bac 4 ou niveau licence pro bac 3) ce qui rassure beaucoup les jeunes et leurs parents qui envisagent leur retour plus sereinement.

Il y a toujours de la demande dans l’humanitaire, mais elle fluctue beaucoup en fonction du contexte international (catastrophes naturelles, conflits, …). Les offres d’emploi sont consultables sur les sites internet des ONG mais aussi sur le site de Coordination Sud et Relief web.

Non, il y a toujours de la demande. Mais les besoins dépendent fortement du contexte international et fluctuent beaucoup. De plus, il est important de savoir que les ONG ont tendance à privilégier les recrutements nationaux. Les Français qui souhaitent s’expatrier doivent apporter une réelle expertise dans un domaine précis.

Il faut qu’il identifie ses compétences pour les mettre en avant dans le cadre d’une mission humanitaire. Il doit vraiment se demander quel type d’engagement l’intéresse : le bénévolat, le volontariat, l’humanitaire.

Une fois ces éléments posés, il est très important de s’informer sur le secteur de l’humanitaire, se rendre dans des salons spécialisés, aller sur les sites internet des ONG, prendre connaissances des prérequis nécessaires pour partir. Il doit toujours bien se renseigner sur la structure qui l’envoie. Il doit en vérifier le sérieux en regardant par exemple si elle est reconnue par le ministère des affaires étrangères ou par France volontaires. Et surtout ne jamais envoyer d’argent à une structure sans avoir effectué ces vérifications.

Je conseillerais aussi de s’engager d’abord en local. La solidarité ne commence pas forcément à l’international. A Bioforce nous demandons à nos élèves de s’investir dans une association locale pendant leur formation. Cela leur permet de mettre en pratique leurs connaissances mais aussi de se confronter, parfois pour la première fois, à la réalité du terrain.

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