Actualité Déficience visuelle : le collectif « Braille is back » réclame un métro parlant à Paris

Odile Gnanaprégassame Odile Gnanaprégassame
Publié le 30-06-2023

En bref

  • Il subsiste des lignes du métro parisien dépourvues d’annonces vocales des stations. Une difficulté pour les personnes non et malvoyantes soulignent les associations représentatives. Dans une pétition, elles appellent à une mise en conformité « dès maintenant », d’autant que les JO de 2024 se profilent à l’horizon.
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Déficience visuelle : le collectif « Braille is back » réclame un métro parlant à Paris Crédit : Dmitriy Nushtaev - Unsplash

« Imaginez. Vous prenez le métro alors que vous êtes mal réveillé, fatigué ou préoccupé. Comble de malchance, vous n'avez aucun moyen de savoir par vous-même quelle est la prochaine station desservie et vous en êtes réduit à les compter ou à demander de l'aide à des voyageurs dont vous avez les plus grandes difficultés à attirer l'attention, quand la rame où vous vous trouvez n'est pas quasiment vide. »

C’est par cet exercice de projection que débute la pétition lancée le 22 juin dernier par le collectif « Braille is back » qui regroupe l'Institut national des jeunes aveugles - Louis Braille, les associations apiDV, Valentin Haüy, Voir Ensemble et la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France. L’objectif ? Sensibiliser la population et interpeller la RATP et Île-de-France Mobilités afin de parvenir à un métro 100 % vocalisé.

« Dans la patrie de Louis Braille qui s’apprête à accueillir les Jeux olympiques en 2024, nous ne disposons pas d’un métro complètement accessible à Paris », souffle Bruno Gendron, le président de la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France, lui-même aveugle. 350 000 spectateurs en situation de handicap devraient pourtant se déplacer pour l’évènement, selon Le Parisien. Le collectif s’est mobilisé jeudi dernier devant le métro Duroc pour faire connaître sa pétition et ses revendications.

Si cette action semble concerner uniquement les personnes non ou malvoyantes, Brunon Gendron assure de son utilité pour d’autres publics. « Notre démarche se veut inclusive et pourrait profiter aux personnes ayant des difficultés à lire ou qui ne maîtrisent pas le français, aux personnes de petite taille ou à celles qui, plongées dans leur quotidien, pourraient rater leur arrêt… ». La RATP et Île-de-France Mobilités, qui ont rencontré le collectif suite à cette mobilisation, affirment chercher des solutions. Mais la vocalisation de l’intégralité des lignes de métro de la capitale paraît encore lointaine.

« Environ 50 % des lignes sont vocalisées à ce jour », rappelle Bruno Gendron. Quand la RATP avance le chiffre de 66 %. Pourquoi cette différence d’appréciation ? Seules les nouvelles rames présentent une annonce sonore des stations. « La ligne 11 ne dispose que de quelques rames récentes », constate le collectif. Lorsque la personne déficiente visuelle arrive sur un quai, elle ne sait pas si elle monte dans une rame équipée ou ancienne. Selon l’opérateur de transport francilien, il faudrait attendre 2031 voire 2036 pour que toutes les lignes fonctionnent avec des rames modernes. « Nous sollicitons plutôt une échéance au 11 février 2025 », déclare Bruno Gendron. Une date qui ne doit rien au hasard. Puisque la loi sur le handicap de 2005 fêtera alors ses 20 ans. Car oui, il s’agit bien d’une obligation légale de rendre accessibles les transports en commun.

Intervenir sur les anciennes rames se révèlerait trop coûteux argue la RATP. Elle dit réfléchir à des alternatives comme par exemple une annonce du nom de la station depuis le quai. « Pas pratique », soulève Bruno Gendron. « Il faudrait pour cela que la personne déficiente visuelle se tienne près des portes pour bien entendre dans le bruit ambiant ». Autre solution intermédiaire proposée par les associations : que le conducteur du métro se charge des annonces « à minima au niveau des stations pourvues de correspondances ». Ce à quoi s’oppose fermement la régie de transport. Raison invoquée : la sécurité. Le conducteur doit rester concentré. La RATP envisage plutôt une application sur smartphone. Là encore, solution imparfaite estiment les associations. « Cette option exclut de fait les personnes pas à l’aise avec les outils numériques », déplore Bruno Gendron. « Point positif : le dialogue existe avec la RATP et Île-de-France Mobilités », conclut-il. Une nouvelle réunion est prévue en octobre. En attendant, le collectif prévoit d’autres actions de sensibilisation.

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