Reportage Quand les échecs gomment les différences pour élever les compétences

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Publié le 09-04-2024

En bref

  • Mercredi 3 avril 2024, la Maison de l’autisme a célébré son premier anniversaire avec l'organisation de grandes Olympiades. Sur un thème sportif, en clin d'œil à l'actualité, cours de boxe et yoga ont côtoyé l’atelier d'initiation aux échecs. Anouk Toulemont, jeune autiste championne d’échecs et professeure du jour, en a profité pour transmettre sa passion aux joueurs amateurs.
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Le temps d'une journée, des jeunes autistes ont pu être initiés aux échecs. Crédit : Maison de l'Autisme

Une championne d’échecs aux commandes

À la Maison de l’autisme, Anouk et sa mère s’activent : dans dix minutes seulement, l’atelier d’initiation aux échecs doit être lancé. En ce mercredi 3 avril, ce lieu d’accueil fourmille de passants. La principale raison ? L’organisation des Olympiades de l’autisme, une journée entièrement dédiée à la pratique du sport, échecs compris. Quelques jours auparavant, Anouk était venue en repérage pour choisir la salle qui conviendrait à l'installation de son atelier. Son choix s’est arrêté sur le centre de documentation, un lieu isolé du reste des activités et assez calme pour se concentrer. Sur les petites tables carrées sont dépliés plateaux et pièces par dizaines. « Lorsque l’ancien club d’échecs d’Anouk a fermé, ils lui ont fait don du matériel », explique fièrement sa mère.

Alors que les premiers curieux pointent le bout de leur nez, la jeune femme autiste et championne fait preuve de pédagogie : « Le cavalier, c’est la seule pièce qui se déplace en L. Tu connais la forme de la lettre L ? ». Face à elle, des jeunes autistes, intrigués, avancent à tâtons, les fous, tours, rois, reines... Ils ne le savent pas encore, mais leur intervenante du jour collectionne les victoires en championnat d’échecs. À tout juste 20 ans, Anouk cumule 1 700 points au classement Elo, qui oscille en moyenne entre 1 000 points pour un joueur débutant et 2 850 points pour les meilleurs. Pour cette grande active, qui cumule un apprentissage en CAP de décoration sur céramique et stages de souffleur de verre, les échecs ont apporté technicité et patience. Deux qualités qu'elle exploite maintenant dans chacun de ses domaines de prédilection.

Définir le trouble du spectre autistique (TSA) se relève plus complexe que l'on ne l'imagine. Pour Eve Dujarric, la directrice opérationnelle du Groupement national des centres de ressources autisme (GNCRA) et l'une des trois responsables de la Maison de l’autisme, il existe autant de formes d’autisme que de personnes. « Il n’existe pas de profil type pour une personne autiste, même si on retrouve des caractéristiques communes, comme des troubles de l’interaction sociale et du développement intellectuel », précise la directrice. Selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), il y a environ 700 000 personnes vivant avec ce trouble en France.

À la Maison de l’autisme, sortie de terre il y a tout juste un an, rien n’a été posé au hasard : suspensions en mousse pour réduire le bruit, sas « zen » de décompression, moquettes au sol, zones pour s’isoler… Tout a été imaginé pour qu’une personne autiste, quelque soit son âge ou son degré de sévérité, s’y sente en sécurité. Cette Maison se veut le lieu de ressources, de rencontres et d’accompagnement de toutes les personnes concernées par l’autisme, de leur entourage et des professionnels. Lieu unique dans le pays, ce bâtiment moderne, porté par le GNCRA, le Centre ressources autisme Ile-de-France (CRAIF) et Autisme Info Service, a été pensé et coconstruit avec des personnes autistes, familles, aidants, professionnels et associations dans le but de répondre au mieux à de leurs besoins.

Pour ce premier anniversaire, la mise en place d’une initiation aux échecs semblait primordiale : « Chaque sport est susceptible d’être ouvert à tous les profils, il faut seulement y mettre les moyens. Les échecs en sont l’illustration typique », argumente Eve Dujarric. Un constat que partage Anouk, pour qui cette pratique a été révélatrice : « C’est grâce aux échecs que j’ai pu me faire mes premiers amis. Aujourd'hui, j’espérais transmettre cela aux participants de l'atelier ».

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