Actualité Pénurie de personnel : le gouvernement revoit à la baisse ses exigences

Josée Lesparre Josée Lesparre
Publié le 07-09-2022

En bref

  • Manque de personnel dans les crèches, la sécurité privée, les établissements scolaires. Dans ces secteurs en tension, le gouvernement est contraint de baisser les niveaux de qualification exigés pour faire face à la pénurie. 
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Face à la pénurie de personnel, le gouvernement adapte les recrutements Crédit : Pixabay

Rentrée 2022 compliquée dans l’Éducation nationale et la petite enfance où respectivement 9 000 et 4 000 postes restent vacants. Parallèlement, alors que de grands événements sportifs vont bientôt se tenir en France, il est urgent de former entre 20 000 et 40 000 stadiers. Face à la pénurie de personnel, le gouvernement réduit les exigences en termes de recrutement. 

Dans le secteur de la petite enfance, au moins 9 000 postes restent à pourvoir en cette rentrée soit entre 6,5% et 8,6% de l’effectif total. La situation est particulièrement tendue en région parisienne, en région Auvergne-Rhône Alpes et en Guyane. Il manque principalement des auxiliaires de puériculture (45% des besoins de recrutement) et des éducateurs de jeunes enfants (17% des besoins de recrutement).

Pour faire face à cette désertion du personnel, les crèches sont autorisées depuis le 31 août à ouvrir l’exercice en crèche à de nouveaux profils. 
L’arrêté du 29 juillet 2022 donne le droit à certains diplômés autres que ceux titulaires du CAP accompagnant éducatif petite enfance (ex-CAP petite enfance) de travailler dans les établissements d’accueil de jeunes enfants (EAJE).  
L’arrêté prévoit également des dérogations aux conditions de diplôme ou d’expérience. « À titre exceptionnel, dans un contexte local de pénurie de professionnels […] des dérogations aux conditions de diplôme ou d’expérience fixées à ce même article peuvent être accordées en faveur d’autres personnes, en considération de leur formation, leurs expériences professionnelles passées, notamment auprès d’enfants, leur motivation à participer au développement de l’enfant au sein d’une équipe de professionnels de la petite enfance et de leur capacité à s’adapter à un nouvel environnement professionnel ». 

Seule obligation pour ces personnels non qualifiés : suivre une formation d’intégration de 120 heures minimum (soit environ 3 semaines). 

La crise de vocation touche aussi les agents de sécurité et principalement les stadiers chargés d’accueillir et de réguler le public afin d’éviter les débordements dans les stades. A l’aune de la coupe du monde rugby qui se tiendra en septembre 2023 et des JO en 2004, il manquerait entre 20 000 et 40 000 stadiers en France.

Afin de répondre à ces échéances sportives, le gouvernement réitère le dispositif mis en place pour l’Euro 2016 et crée une carte professionnelle temporaire permettant d’exercer l’activité « surveillance de grands événements » (décret n°2022-592 du 20 avril 2022) de plus de 300 personnes. 

Cette carte sera délivrée sur demande avant le 1er septembre 2024 à condition de disposer d’une carte professionnelle valide mentionnant l’activité de « surveillance humaine ou gardiennage ». Il sera également possible de l’obtenir par équivalence sous couvert de disposer d’une certification professionnelle correspondant à l’activité exercée ou du CQP qui va être spécialement élaboré pour l’occasion par la branche professionnelle.

Cette carte temporaire sera valable jusqu’au 30 septembre 2025, mais ses titulaires pourront compléter leur formation pour obtenir à terme la spécialité « surveillance humaine et gardiennage ». 

Dans les écoles et lycées, la rentrée est aussi difficile. Les résultats des derniers concours de recrutement des enseignants confirment une pénurie de 4 000 enseignants sur un total de 27 3325 postes ouverts dans le public et le privé. La situation est préoccupante tant dans le premier degré que dans le second degré. S’il manque quelques professeurs des écoles dans certaines académies, dans celles d’Île-de-France, la situation est particulièrement tendue (62 postes non pourvus à Paris, 660 postes non pourvus à Créteil, 1 006 postes non pourvus à Versailles). Dans le second degré, le manque de professeurs concerne les lettres classiques, l’allemand, les sciences académiques et sociales, l’anglais et les mathématiques. 

Face à ces difficultés, le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, s’est voulu rassurant face aux médias précisant « cette rentrée sera comparable à celle de l’an dernier avec un professeur devant chaque classe ce qui n’exclut pas des difficultés de recrutement dans certaines disciplines ».

Sa solution pour réaliser cet objectif : le recours aux contractuels, mais seulement dans un faible pourcentage précise-t-il (1% dans le premier degré et 6% dans le second degré) au regard des 850 000 enseignants au total. Selon le ministère de l’Éducation nationale, 3 000 enseignants contractuels auraient ainsi été recrutés en cette rentrée 2022. 

Accessible avec un niveau de diplôme moindre (bac 3 dans l’enseignement général, à partir du CAP, mais avec expérience dans la matière enseignée dans l’enseignement technologique, professionnel et agricole), ces postes d’enseignants bénéficieront d’une formation express et d’un accompagnement tout au long de l’année. 

Décidées dans l’urgence, ces mesures sont diversement accueillies tant par les professionnels que par les parents. Si elles ont au moins le mérite de parer au plus pressé dans ces secteurs en tension, ce n’est que sur le plus long terme qu’il sera possible d’apprécier leur véritable résultat et impact. 

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