Actualité 2 Français sur 3 préfèrent avoir du temps libre plutôt qu’un salaire élevé

Odile Gnanaprégassame Odile Gnanaprégassame
Publié le 06-02-2023

En bref

  • Le travail est jugé moins essentiel par les Français en 2022. Pour qui en déduirait trop vite le signe d’un désengagement, une note de l'Ifop livre une lecture plus nuancée.
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2 Français sur 3 privilégient le temps libre à un salaire élevé Crédit : Pixabay

1 salarié sur 5 juge le travail "très important" en 2022, contre 3 salariés sur 5 en 1990. Une tendance en progression qui illustre une certaine forme de désengagement. En réalité, les Français, qui aspirent à un meilleur équilibre entre vie pro et vie perso, souhaitent redonner du sens à leur travail selon une étude de l'Ifop commandée par la Fondation Jean Jaurès.

En 2008, 62 % privilégiaient l'inverse, rappelle l'analyse. Soit un renversement radical des aspirations ! La figure du collaborateur méritant qui ne compte plus ses heures a fait son temps. Aujourd'hui, les grandes entreprises, ou les pays valorisant à l'extrême ce modèle, font face à une remise en question des salariés. L’analyse fait notamment référence à la banque d’investissement Goldman Sachs qui a vu la voix de certains traders s’élever pour demander une réduction de la durée du temps de travail. Pour passer de 98 à 80 heures par semaine... Dans ce haut lieu du capitalisme, il s’agit là d’une véritable révolution.

D’autres symboles de réussite professionnelle, érigés durant les 30 Glorieuses, se trouvent remis en question. Mis à mal par la démocratisation du télétravail, le mythe du « meilleur bureau » au sein des locaux – meilleur emplacement, meilleure vue – en prend aussi un coup. 56 % des salariés continueraient de considérer un supérieur hiérarchique même s’il ne dispose pas de son propre bureau. Autre illustration : l'exercice des responsabilités d’encadrement ne fait plus rêver qu’une courte majorité des cadres du privé de moins de 40 ans. Plus que du désengagement, il s’agit d’une évolution du rapport au travail.

Près de la moitié des salariés s’estiment perdants dans leur rapport au travail. Rémunération, finalité de l’activité, autonomie dans la manière de s’organiser : la reconnaissance n’est pas au rendez-vous. En conséquence, seuls 20 % déclarent être « tout à fait » fiers d’appartenir à leur entreprise. Soit une baisse de près de 20 points par rapport à 2005.

Pour autant, l’analyse rappelle un fait capital. Si la place accordée au travail est moins prioritaire, elle demeure importante pour 84 % des salariés. Plus de 3 salariés sur 4 estiment faire en général plus que ce qui est attendu dans leur poste actuel. Et 68 % déclarent s'investir autant qu'avant la crise sanitaire quand seuls 22 % affirment réduire leur investissement. 

L'analyse de l’Ifop tord ainsi le cou aux accusations de démission silencieuse. En réalité, les Français qui décident de ne s'en tenir qu'à leur fiche de poste ne représentent qu'un salarié sur cinq. Mieux, les Français conservent un attachement à leur métier. Si leur métier disparaissait, 78 % le vivraient comme une perte pour eux, 72 % comme une perte pour la société et 82 % comme une perte pour l’entreprise. Le travail comme ciment de la société a encore de beaux jours devant lui.

Seule ombre au tableau : le sentiment d’implication coexiste avec une baisse de motivation. Plus d’un tiers des salariés estiment que leur motivation a diminué. Notamment ceux touchés par une forme de pénibilité qui se traduit concrètement par un trajet de plus d'une heure pour se rendre au travail ou l'exercice d'un métier pénible physiquement. Ils sont 43 % dans les deux cas. Résultat ? L’envie de démissionner titille 53 % des salariés fin 2022. Mais malgré l’envie de vivre une expérience de travail en adéquation avec leurs attentes, très peu passent à l’acte.

La mobilité interne constituerait-elle un levier pour combattre le sentiment ambivalent des Français dans leur rapport au travail ? C’est la piste émise par cette analyse. Encore faudrait-il que les entreprises se mettent à appréhender la formation de leurs salariés de manière plus efficace et satisfaisante, conclut-elle.

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