Témoignage J'éduque des chiens guides que je confie à des familles d'accueil

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Publié le 11-07-2012

En bref

  • Après avoir été assistante vétérinaire, Corine travaille depuis quelques années à l'École de chiens guides de Paris. “L'éducateur ne fait pas que donner un chien guide : il doit aussi répondre aux besoins spécifiques du futur maître”, précise-t-elle. Témoignage.
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J'éduque des chiens guides que je confie à des familles d'accueil Crédit : Pixabay

"Les chiens auxquels je m'attache le plus sont souvent ceux qui m'en font voir de toutes les couleurs ! Par exemple, j'ai beaucoup pleuré à cause de l'un de mes chouchous, Bongo. Il ramassait tout ce qu'il trouvait. Le jour de son examen, qui devait permettre de le donner à un déficient visuel, il m'a fait descendre du trottoir alors que j'avais les yeux bandés. Son but n'était pas de contourner un obstacle, mais simplement d'aller chercher un bout de pizza dans le caniveau !

À l'École de chiens guides de Paris, nous accueillons en moyenne une trentaine de chiens, et nous avons en tout 300 chiens en circulation.

La phase d'éducation commence quand le chien a environ un an et dure 6 mois. Aujourd'hui, je m'occupe de la période qui précède l'éducation. Je confie des chiens à des familles d'accueil bénévoles qui les emmènent partout quand ils ont entre 3 mois et un an.

J'aide les bénévoles à effectuer leurs démarches pour faire accepter le chien sur leur lieu de travail, j'organise des réunions avec eux pour suivre les progrès du chien… À partir de 7 mois, je gère leur retour à l'école pour des stages d'une semaine par mois.

Quand arrive le moment de donner le chien à la personne déficiente visuelle, je ne suis pas triste. Au contraire, ça me rend fière. D'autant que j'ai régulièrement des nouvelles ensuite et que les liens qui se créent entre le chien guide et son éducateur sont forts : quand il ne nous a pas vus pendant longtemps, les retrouvailles sont toujours intenses !

La difficulté de mon métier, c'est que j'éduque des chiens pour les autres, et non pour moi-même. Du coup, je demande parfois à un autre éducateur de s'occuper d'un des chiens dont j'ai la charge, pour voir comment il se comporte avec lui, s'il respecte avec quelqu'un d'autre ce que je lui ai appris.

À Paris plus qu'ailleurs, nous devons être très exigeants pour l'éducation de nos chiens car le quotidien d'un déficient visuel y est très difficile. Ils ne peuvent pas se permettre d'avoir peur d'une voiture ou de la foule dans le métro, par exemple. C'est donc à nous de repérer ceux qui sont faits pour devenir chiens guides et ceux qui ne le sont pas. Parfois, quand je sens que ce ne sera pas possible, je préfère ne pas poursuivre l'aventure.

Éducateur de chiens guides, ça gagne combien ?
“J'ai la chance de faire un métier qui me passionne, même si ce n'est pas le plus rémunérateur ! Un éducateur de chiens guides gagne le Smic au départ, mais les salaires évoluent régulièrement avec l'ancienneté, pour atteindre un maximum de 2 500 € net.”

Avant d'être éducatrice de chiens guides, j'ai été assistante vétérinaire. Je pense que c'est une bonne formation car j'ai appris en étant en contact avec des chiens, mais j'avais également affaire à la clientèle. Aujourd'hui, c'est un peu pareil : quand il y a une remise de chien, je rencontre le futur propriétaire et j'entre dans sa vie, son histoire, ses déplacements, ses difficultés, parfois son refus du handicap. Trop jeune, je n'aurais sans doute pas pu me confronter à tout ça…

Si vous voulez devenir éducateur de chiens guides, voici mon conseil : attendez d'être vraiment prêt et d'avoir la maturité nécessaire. Car ce n'est pas toujours facile ! D'autant qu'avec les chiens, on ne peut pas être de bonne humeur un jour et déprimé le lendemain ! Ce sont des éponges à émotions : si l'on n'est pas bien, les chiens le ressentent et nous le renvoient en pleine tête !"

Propos recueillis en 2012.

Trouver une école de chiens guides fédérée
Il existe en France plus d'une dizaine écoles fédérées de chiens guides où vous pouvez proposer vos services en tant que bénévole. Elles organisent parfois des journées portes ouvertes durant lesquelles vous pouvez rencontrer les professionnels. Ces écoles sont situées à Paris, Coubert (Seine-et-Marne), Lille, Angers, Pont-Scorff (Morbihan), Limoges, Toulouse, Nice, Aix-en-Provence, Woippy (Moselle), Lyon, Honguemare-Guenouville (Eure), Lezoux (Puy-de-Dôme).

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