Témoignage Je forme les jeunes cavaliers et chevaux de la garde républicaine
En bref
- L'adjudant Vigoureux est cavalier de la garde républicaine depuis 26 ans. Il y a occupé des postes très variés et gère, depuis une dizaine d'années, la formation de jeunes cavaliers et chevaux. “Si c'était à refaire, je choisirais de nouveau ce métier sans aucune hésitation !” sourit-il. Témoignage.
Il est 7 heures, l'heure de l'appel. La journée du régiment de cavalerie du 2e escadron du quartier de Carnot commence. L'adjudant Vigoureux fait partie de ces passionnés qui ne rechignent pas à se lever tôt. “Cela fait partie du métier. Nous sommes des militaires avant d'être des cavaliers, ce qui implique rigueur, discipline, dévouement et disponibilité !”
Plus de 6 heures d'affilée à cheval
“Après l'appel, nous nourrissons et soignons nos chevaux et nous occupons de l'entretien des écuries. Ensuite, je fais travailler les cavaliers au maniement du sabre, en ordre serré, à cheval. Chez les chevaux, mon élève du moment s'appelle Toiareg. Il a 5 ans. J'ai même fait la répétition du défilé du 14 juillet avec lui !
75% des missions de la garde républicaine concernent la sécurité publique. Nous patrouillons à cheval et intervenons lors de diverses manifestations. Pour un concert dans un stade, je peux passer plus de 6 heures d'affilée à cheval ! Nous pouvons aussi partir à la recherche de personnes disparues en forêt, sécuriser une zone… Les 25% du temps restants, nous effectuons des services d'honneur dans les palais nationaux.”
Je tombe parfois, c'est un métier à risque
“Mon métier est très physique. Je me lève tôt, je travaille en moyenne 9 heures par jour et mon activité est sportive : je pèse 70 kg pour 1,85 m. Bien sûr, nous avons des congés, mais nous pouvons être rappelés à tout moment. J'ai 45 ans et je n'ai pas envie de m'arrêter maintenant. Mais certains se reconvertissent à cause du rythme soutenu ou des blessures.
C'est un métier à risque. Mon pire souvenir ? Quand je suis tombé de mon cheval et qu'il m'a écrasé le dos. J'ai été opéré. Trois mois plus tard, dès qu'on m'a autorisé à remonter à cheval, j'ai repris l'entraînement. Mais j'ai mis un an à m'en remettre pour de bon.”
J'ai beaucoup progressé en équitation à la garde républicaine
“Même si je monte depuis l'âge de 8 ans, j'ai réellement un haut niveau depuis que je suis cavalier de la garde républicaine. J'ai acquis des savoir-faire techniques très différents avec les formations spéciales de la cavalerie. J'ai ensuite travaillé en écurie de dressage, puis de débourrage, c'est-à-dire de dressage de poulains. L'été, j'ai régulièrement été envoyé en déplacement pour des postes saisonniers à cheval, en collaboration avec les gendarmes départementaux, notamment pour la surveillance du littoral.
En parallèle, j'ai suivi deux ans et demi de formation militaire supérieure pour devenir gradé.
Ce que je préfère aujourd'hui, c'est voir l'un des chevaux que j'ai formé réussir ses missions avec un jeune cavalier. J'aime aussi partager cela avec ma famille. Par exemple, ma femme m'a suivi à vélo pendant la répétition de nuit pour le 14 juillet !”
Nous ne travaillons pas dans un club hippique !
“Beaucoup d'entre vous peuvent êtes attirés par ce métier parce que vous aimez les chevaux. Je suis le premier à être passionné et à ne jamais vraiment me couper de l'univers du cheval, même pendant mes vacances ! Mais ayez à l'esprit que nous ne travaillons pas dans un club hippique. C'est d'abord l'envie d'être militaire et gendarme qui doit vous motiver. Pour devenir cavalier de la garde républicaine, il faut passer le concours de la gendarmerie et des tests d'aptitudes équestres. Vous serez alors sous-officier et vous devrez passer des examens militaires pour monter en grade.
Autre option : suivre une formation de gendarme adjoint volontaire et travailler à nos côtés pendant 5 ans. Vous percevrez mieux ce qu'est notre métier et pourrez vous engager en connaissance de cause. Nous recrutons régulièrement, mais vous ne serez pas obligatoirement affecté à la cavalerie à l'issue de votre école de gendarmerie.”
Propos recueillis en 2012.
Et les cavalières, alors ?
Les femmes cavalières ont les mêmes missions que les hommes et doivent êtres disponibles 24 heures sur 24 de la même façon. Quel que soit le sexe, il faut mesurer au moins 1,70 mètre pour pouvoir devenir cavalier de la garde républicaine.