Conseils La Pop Philosophie de Marianne Chaillan, prof de philo

Laura El Feky Laura El Feky
Publié le 03-04-2015

En bref

  • La philo vous barbe et les concepts philosophiques vous paraissent compliqués ? Détrompez-vous, on retrouve les mêmes thématiques philosophiques dans nos séries TV, nos bouquins et chansons préférées… Marianne Chaillan, professeur de philo et auteur de la Playlist des philosophes nous le prouve ! Des outils pour mieux comprendre les concepts de philo mais...  à ne pas citer dans votre copie !
Crédit : LEF

 

 

 

"Allumer la radio peut se révéler aussi instructif qu’ouvrir un livre de philo" selon Marianne Chaillan.

Marianne Chaillan : " Chansons populaires et philosophie ne sont pas si éloignées ! Toutes deux font écho aux problèmes de la vie et abordent les questions du bonheur, de la foi, de la morale… A la différence que les chansons populaires touchent un public plus large car elle disent les choses plus simplement. Quelque fois avec mes élèves, j'aime utiliser les paroles de chansons populaires comme des médiateurs qui permettent de comprendre des plus grands textes classiques.

Marianne Chaillan : "L’idée m’est venue un jour où mes élèves s’endormaient pendant un cours sur le concept du "moi" de David Hume. Malheureusement, ça ne leur parlait pas du tout. Je leur ai récité très sérieusement les paroles, qu’ils connaissaient tous, de Céline Dion On ne change pas, on met juste les costumes d’autres sur soi… Ils ont fini par réagir et se sont demandé ce que Céline Dion venait faire là ! Je leur ai demandé s’ils comprenaient les paroles, ils m'ont dit que oui. J'ai ensuite argumenté pour leur montrer que l'idée de Hume était la même. Ça a tout de suite été plus clair pour eux. Et puis progressivement, d’autres exemples me sont venus... 

Marianne Chaillan : "Je me plais à imaginer que si Freud avait eu un i-pod, il aurait écouté du Rihanna ou du Maître Gims. Les paroles de Zombie de Maître Gims ne sont pas sans rappeler les concepts fondamentaux de la psychanalyse : le moi, le surmoi et le ça. Nietzsche aurait écouté du Jenifer plutôt. D’ailleurs, les paroles de la chanson Au soleil de Jenifer reprennent la maxime du Crépuscule des idoles de Nietzsche : "tout ce qui ne tue pas rend plus fort". 

J'imagine que Stromae a, dans sa bibliothèque, des œuvres de Schopenhauer ou de Pascal. Pour Schopenhauer, "la vie est comme un pendule qui oscille entre ennui et souffrance". On retrouve ce mouvement pendulaire dans le tube formidable/fort minable de Stromae. Paroles du chanteur et texte du philosophe s'accordent à dire la même chose : il faut faire le deuil de notre conception du bonheur qui durerait dans le temps.
Pour Pascal, l’homme agit pour ne pas penser à la mort. Dans la chanson Alors on danse, Stromae préconise de danser pour ne pas y songer : Alors on sort pour oublier tous les problèmes, alors on danse, entend-on d'ailleurs dans les paroles".

Marianne Chaillan : "Tout à fait ça s’applique aussi à certains films, séries TV ou livres… Dans Harry Potter par exemple, le personnage de Voldemort n’est pas sans nous rappeler la philosophie de Platon. Plus Voldemort tue, plus il a le visage mutilé comme symbole de la mutilation de son âme. Ce qui rejoint l’interrogation de Platon, dans Gorgias, sur le lien entre la vertu et le bonheur". 

Marianne Chaillan : "Non, surtout pas ! Je conseille mon livre aux lycéens de terminale car ma démarche peut leur permettre de découvrir, comprendre et s’approprier les grands concepts philosophiques. J'utilise ce genre d'exemples de temps en temps avec mes élèves quand ils n'arrivent pas à comprendre ou qu'ils saturent. Mais c’est uniquement un outil pour les aider dans leurs révisions, c’est à éviter à tout prix dans une copie. Le correcteur attend de vous les références théoriques vues en cours !"

 

Propos recueillis par Laura El Feky

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