Enquête Phobie scolaire : quelles solutions pour s’en sortir ?

Odile Gnanaprégassame Odile Gnanaprégassame
Publié le 25-02-2019

En bref

  • 1 à 3 % des élèves en France seraient concernés par la phobie scolaire. C’est une estimation, car il n’y a pas vraiment de chiffres officiels… Pourtant, des adolescents souffrent, des parents peinent à trouver les bons interlocuteurs pour se faire entendre et se faire aider. Certains ont accepté de témoigner pour raconter comment ils ont lutté contre leur phobie scolaire.
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Phobie scolaire Crédit : Pixabay

Face à la phobie scolaire, ces adolescents ont dû trouver, avec l’aide de leur famille, de médecins, de la communauté éducative ou encore d’associations, des solutions pour ne pas rompre avec les études. Ils racontent leur parcours.

« J’ai cru que ma vie était foutue ». Cette impression, Lina, 24 ans, l’a ressentie lorsqu’elle a réalisé que se rendre au lycée était devenu impossible pour elle. C’était en plein milieu de son année de seconde. Un diagnostic de phobie scolaire est posé par une pédopsychiatre qui décèle aussi une phobie sociale et une dépression. Un passé familial compliqué en est la cause. L’adolescente sera hospitalisée dans un soins-études pour soigner sa dépression et parvenir à continuer ses études. Un dispositif rare en France.

Après un « parcours scolaire chaotique car harcelée depuis la classe de CP », Emma, 18 ans, dit de sa phobie scolaire qu’elle n’est plus d’actualité aujourd’hui. Elle s’est rendue en cours à reculons pendant des années. Jusqu’à ce qu’elle n’y arrive plus. L'inscription dans un établissement privé de petite taille, où la pédagogie est adaptée aux élèves et où elle se sent bien, va la réconcilier avec l'école. Mais tout le monde ne peut pas accéder à un tel établissement. Lorsqu’un adolescent est confronté à la phobie scolaire, c’est un peu le parcours du combattant pour trouver une solution de scolarisation adaptée.

La phobie scolaire a fait dire stop à Delphine, 19 ans. Stop au harcèlement infligé par des "camarades" et à l’incompréhension du corps professoral face à ses difficultés pour venir en cours. Elle a dû se résoudre à poursuivre ses études par correspondance avec le Cned.

Théo, 15 ans, a arrêté le lycée peu avant les vacances de Noël. En classe de seconde générale, cet adolescent au haut potentiel intellectuel n'était plus en capacité d'apprendre à cause d'un niveau de stress élevé. Lui aussi fait face à la phobie scolaire. « Sa spécificité n’était pas assez prise en compte dans son lycée, estime sa mère. Il a dû réfléchir à une nouvelle orientation et a choisi de faire un bac professionnel arts appliqués, un domaine qu’il apprécie et dans lequel il se projette ».

« Il ne s’agit pas d’un rejet, ces élèves aiment apprendre, mais ils ont, pour certains, développé une angoisse de la séparation (là on parle de phobie scolaire). D'autres vivent à l’école quelque chose qui les perturbent (harcèlement, trouble dys non détecté, problème avec un professeur etc.), dans ce cas il s’agit plutôt d’un "refus scolaire anxieux" », explique le docteur Nicole Catheline, pédopsychiatre au centre hospitalier Henri Laborit à Poitiers et spécialiste des questions relatives à la scolarité. Dans les deux cas, l’enfant est dans l’impossibilité de se rendre à l’école ».

La spécialiste préconise de consulter dans les plus brefs délais un pédopsychiatre. «Il faut réagir dès les premiers signes d’angoisse, de stress, d’inquiétude à l’idée de retourner en cours après les vacances, le week-end. Cela peut se traduire par des difficultés à s’endormir, des nausées, des migraines, des vomissements ». Les professeurs ne sont pas très aguerris sur la question, les parents vont parfois tarder à comprendre ce qu’il se passe. Ces élèves vont supporter cet état de mal-être pendant un certain temps, jusqu’à ne plus pouvoir se rendre au collège ou au lycée.

« Il y a un vrai travail "d’enquête" à mener pour déterminer les causes », explique Luc Mathis, vice-président de l’association Phobie scolaire, créée en 2008. Cette association implantée dans plusieurs villes permet aux parents d’avoir un lieu de parole et d’échanges. « On fait du lien social. Pour lutter contre la phobie scolaire, il est important que les parents sortent de l’isolement et se sentent soutenus. Et quand les parents vont mieux, l’impact est positif sur leurs enfants », assure Luc Mathis. Consulter un pédopsychiatre est indispensable pour écarter une pathologie psychiatrique sous-jacente et comprendre ce qui a mené l’adolescent à la phobie scolaire. Car cette dernière est multifactorielle, il y a rarement une seule cause.

La maman de Théo n’a pas voulu que son fils retourne au lycée avant d'avoir vu un pédopsychiatre. « Sa professeure d’anglais a été très brutale en lui disant qu’il n’était pas fait pour la filière générale, confie-t-elle. Il y avait une sorte d'acharnement alors que Théo est un élève précoce et que cette information est connue. On lui dit de trouver une autre formation et on ne l'aide pas ! » Elle culpabilise un peu, car Théo ayant des difficultés dans ses apprentissages, elle était derrière lui pour qu’il réussisse. « C’est vrai que je valorisais la filière générale. Cela a dû mettre la pression à Théo qui ne voulait pas me décevoir ». L’adolescent a toujours été stressé et angoissé pour ses études. « Cela a été un soulagement pour lui d'arrêter le lycée. Le directeur a eu une attitude autrement plus compréhensive en lui permettant de passer voir ses camarades même s'il ne venait pas en cours », poursuit-elle.

Le docteur Catheline précise que les enfants et les adolescents ont leur propre manière de percevoir et d'interpréter les choses. « Certains vont développer une anxiété de performance, ajoute-t-elle. La déscolarisation peut être nécessaire, elle permet de se reposer dans un premier temps, mais il ne faut pas que cela dure, car le risque de désocialisation est grand. Revenir dans le système scolaire peut-être très difficile par la suite », insiste la spécialiste. Quand on l’interroge sur le recours au Cned, elle dit que c’est « une catastrophe sans accompagnement car il favorise le stress et l’angoisse de devoir travailler seul ses cours ».

La difficulté à étudier seule, Delphine l’a expérimentée. Après un premier trimestre de seconde compliqué, elle craque et ne retourne plus au lycée. Ses parents ont déjà évoqué une déscolarisation lors d’une réunion parents-professeurs, le processus était enclenché. Le médecin scolaire a fait une attestation afin d’obtenir l’accès au Cned. « J’en étais à un point où je pensais au suicide, confie Delphine. Grâce à l’association Phobie scolaire, j’ai rencontré Noémya Grohan, qui a raconté son parcours dans un livre "De la rage dans mon cartable". En échangeant avec elle, j’ai compris que je ne pouvais plus continuer comme ça ».

En attendant de recevoir les cours du Cned, la lycéenne pensait continuer à se rendre au lycée au moins un jour par semaine, mais elle ne tient pas longtemps et décide finalement de rester à la maison. Là, les conséquences du harcèlement subi ont continué à se faire sentir, d’autant que l’attente est longue jusqu'à la réception des cours, « presque un trimestre » souligne l’adolescente qui émet quelques réserves. « Avec le Cned lycée, je trouve qu’on a moins de suivi et d’accompagnement alors que le Cned Collège encadre plus les élèves, avec des propositions d’emploi du temps par exemple. Je me suis sentie livrée à moi-même. Quitte à devoir arrêter l’école, autant le faire dès le collège, pour pouvoir réintégrer le lycée ensuite ».

La jeune femme tempère ses propos en reconnaissant que « au moins, c’est une année où on se soigne ». Car étudier à distance n’aura duré que le temps de faire sa seconde. L’année suivante, Delphine avoue avoir eu du mal à se motiver seule pour le programme de 1re. Ce qui l’a amenée à vouloir réintégrer le lycée « afin de préparer au mieux le bac ».

Théo va aussi reprendre le chemin du lycée à la rentrée prochaine. Il espère bien être pris dans le bac pro qu’il convoite, proposé dans un seul lycée aux alentours. Il a passé une journée dans cette classe, a échangé avec les élèves, cela l’a conforté dans son choix. Pour l'instant, il est suivi deux à quatre heures par semaine par un professeur particulier, un élève en prépa ingénieur. « Cette année est une année de reconstruction pour Théo, il voit aussi que j’ai changé mon discours par rapport à la filière générale, constate sa mère. Il a retrouvé le goût d’apprendre qu’il avait perdu, il me dit que ses cours lui plaisent, il revit ». La maman qui est à la maison garde un œil sur son fils. Ensemble, ils ont composé un emploi du temps pour structurer ses journées et garder un rythme sain. « Je redoutais qu’il reste enfermé dans sa chambre, mais il voit ses amis, prend des cours de dessin avec son papy, écrit des chansons… on fait beaucoup de sorties culturelles aussi. Et il voit son thérapeute une fois par semaine ».

Elle admet que cette solution à la maison a un coût financier qu’il faut assumer et demande beaucoup d’énergie et de temps. Et se dit peinée pour les enfants dont les parents ne peuvent pas s’investir autant. Mère et fils ont aussi réfléchi à un plan B. « Au cas où, nous sommes allés visiter le collège-lycée de Bretagne, un établissement privé laïc, qui adapte sa pédagogie à chaque élève ». C’est dans ce même établissement qu’Emma est scolarisée.

Emma a été en souffrance dès les premières années d’école primaire. « Tous les matins, elle avait mal au ventre, trouvait des excuses pour ne pas aller à l’école. J’insistais pour qu’elle y aille », se souvient sa maman. Mais un jour, en CM2, sa fille est prise de vomissements en sortant de l’école et lui raconte alors le harcèlement qu’elle subit. « Un enfant qui ne veut pas aller à l’école, ce n’est pas un caprice », réalise sa mère.

Ce harcèlement est passé totalement inaperçu auprès de l’équipe éducative qui va chercher d’autres raisons au mal-être d’Emma. « On pensait que j'étais maltraitée par mon père », raconte l’adolescente. « Il n'y a pas de reconnaissance du harcèlement et de ses conséquences », poursuit sa mère. C’est à ce moment qu’a été évoquée la possibilité qu’Emma soit une enfant précoce. Les tests effectués par la suite le confirmeront. À  l'entrée en 6e, le harcèlement se poursuit. Alors qu'Emma identifie ses harceleurs, la plainte déposée par ses parents n'aboutit pas en l'absence de soutien de la part du principal... Emma finit par changer d’établissement et pour pouvoir aller en cours, elle adopte une attitude défensive durant toute la période du collège et sa première année de lycée. « J'étais une cible facile », analyse la lycéenne.

Elle redouble sa seconde dans un établissement privé de la région où elle va trouver des conditions d'études optimales, peu d'élèves par classe, une pédagogie qui s'adapte à chacun.  « Cet établissement accueille des élèves ayant des troubles dys, des handicaps invisibles, ou ayant développé une phobie scolaire », détaille sa mère que ses recherches ont menées à découvrir ce lycée. Actuellement en terminale L, Emma s'y sent bien. Le chef d'établissement lui a accordé le tiers temps pour le bac. Un dossier de reconnaissance du handicap est en cours d’instruction à la MDPH (maison départementale des personnes handicapées). En parallèle, Emma est suivie par une psychiatre et une ergothérapeute, elle fait aussi de l'art thérapie. Le harcèlement ayant des conséquences sur la victime même après avoir cessé, l’adolescente est sous antidépresseurs.

L’année dernière, un trouble de l’apprentissage lui a été diagnostiqué. Emma est dyspraxique, c’est-à-dire qu’elle souffre d’un trouble de la motricité l’empêchant d’écouter et d’écrire en même temps. En classe, elle prend ses notes sur ordinateur. Évoluer dans un environnement où elle côtoie d'autres élèves en difficulté fait qu'elle se sent moins isolée et diminue ses appréhensions. « C'est une élève qui a besoin d'attention et d’être rassurée, observe Mme Leparoux, sa professeure de littérature anglaise. Elle a l’air de se plaire ici, elle s’intéresse à plein de sujets, est spontanée et participe, c'est agréable de l'avoir en cours ».

Ce degré de bienveillance et de compréhension, Emma n'y a pas eu droit dans les établissements qu'elle a fréquentés auparavant. Pourtant, c’est primordial pour renouer avec l’école. Luc Mathis souligne qu'il faut arriver à établir une relation de confiance entre la famille, l’équipe éducative et le thérapeute. « Les parents aussi doivent être accompagnés, recommande le docteur Catheline, sinon, ça n’évolue pas favorablement. Seul le pédopsychiatre propose cet accompagnement global des parents et de l’enfant ». Si après ce travail, l'adolescent est encore fragile pour retourner à l'école, il peut être orienté vers une structure de soins-études. Il y en peu en France, ces structures sont réservées aux cas les plus complexes.

À 24 ans, Lina a dix années de thérapie derrière elle. Aujourd'hui, elle consulte une psychiatre une fois par mois et est suivie par une psychologue. Sa phobie scolaire s'est accompagnée d'une phobie sociale et d'une dépression, toutes trois étant liées et résultant d’un passé familial compliqué, avec un père à l’emprise violente sur la famille. Mais ça, Lina l’a compris bien plus tard. « J'essayais d'aller en cours, mais je ne pouvais pas y rester, j'étais très mal, je ne comprenais pas ce qui se passait. Je me retrouvais plus souvent à l'infirmerie qu’en classe ».

Le proviseur de son lycée a mis en place un projet d’accueil individualisé (PAI) pour aménager sa scolarité, mais Lina finit par ne plus aller en cours tout en culpabilisant car son « rôle d'enfant c'est d'aller à l'école ». Comme de nombreux élèves en phobie scolaire, elle se retrouve en situation de décrochage. Sa pédopsychiatre lui parle alors du dispositif de soins-études au Centre Médical et Pédagogique Jacques Arnaud (CMPJA), situé en région parisienne. « Au départ j’ai refusé car je ne voulais pas être éloignée de ma mère. Mais en y réfléchissant, c'était la meilleure solution pour m'en sortir ».

L'accès au soins-études se fait sur indication du thérapeute, mais pas uniquement. « Le jeune doit écrire une lettre de motivation, explique le docteur Bruno Rist, pédopsychiatre et chef de service au CMPJA. Même si aux yeux de la loi, ce sont les parents qui décident, ça ne peut marcher que si l'adolescent consent à cet accompagnement. Le soins-études est très exigeant. Il faut être prêt ». Le dispositif accueille des jeunes en situation de phobie scolaire, d’anorexie, d’agoraphobie… Les cours sont dispensés par des professeurs issus de l’établissement scolaire auquel est adossé le soins-études. Des ateliers et groupes de parole sont organisés.

« Bénéficier de cette structure m'a permis d'avoir un semblant d'adolescence », reconnaît Lina. Le séjour en soins-études a été l’occasion d’aplanir, non sans heurts, les relations mère-fille. Sa maman, avec qui elle est très fusionnelle, raconte des retrouvailles douloureuses un week-end sur deux. « Avoir décidé de se faire hospitaliser a été très courageux de la part de Lina. Mais elle a été dans le rejet avec moi, ça été très dur. Elle voyait que je continuais ma vie en son absence, et du coup elle a voulu rentrer en cours d’année… avant de se raisonner car je lui ai dit, pour son bien, que je ne viendrai pas la chercher. Il fallait que je me montre forte pour ne pas sombrer avec elle. Ça ne l’aurait pas aidée. Durant cette période, j'ai aussi pu récupérer d’années d’inquiétude. Je travaille de nuit, au quotidien c'était difficile de la laisser seule… », confie-t-elle.

Lorsque la pédopsychiatre lui annonce qu’elle est prête à quitter le CMPJA, Lina a souhaité prolonger de peur de sortir de cet environnement privilégié. Bien entendu, la sortie se fait de manière progressive, avec une période de transition. « Durant un mois, je suis passée en hôpital de jour, je rentrais à la maison le soir », confirme la jeune femme. Puis, après les vacances d’été, elle a retrouvé le lycée, comme Delphine, pour faire sa première.

La phobie scolaire alerte d’un mal-être de l’enfant ou de l’adolescent. Il faut savoir écouter la souffrance exprimée et ne pas la mettre sous le tapis en se disant que ça va passer. « Ce qui se joue, c'est le processus de l'adolescence. Ces jeunes apprennent à devenir autonomes et à prendre de la distance avec la famille », explique le docteur Bruno Rist. « La problématique adolescente se poursuit jusqu’à l’âge de 25 ans car le cerveau continue de se développer », ajoute le docteur Nicole Catheline.

En sortant du soins-études, Lina a soigné sa dépression, mais elle doit encore gérer la phobie sociale et la phobie scolaire : « tout n’a pas été réglé miraculeusement ». Revenue au lycée en classe de 1re, elle bénéficie à nouveau d’un PAI, mais rate encore beaucoup de cours. Elle retrouve le CPE qui a toujours été à ses côtés depuis ses débuts au lycée. « Il a d’ailleurs pris de mes nouvelles lorsque j’étais au CMPJA ». Sa mère a dû rencontrer son prof principal qui se disait sceptique quant à la phobie scolaire de Lina. Ce à quoi elle lui a répondu qu’elle ne lui permettait pas car il y a un diagnostic qui l’atteste. « Il s’est senti bête et s'est excusé. Ça s’est super bien passé avec lui après », rapporte Lina. En terminale, elle décroche à nouveau, car son amie rencontrée l’année d’avant et qui lui avait permis de supporter le lycée, est partie subitement. Néanmoins, les professeurs dans l’ensemble acceptent qu’elle passe ses contrôles seule dans une salle. Malgré le retard pris à cause de ses absences, Lina décroche son bac du premier coup.

Pour Delphine, qui a subi les critiques virulentes de certains professeurs lorsqu’elle a été scolarisée au Cned, le retour au lycée s’est aussi passé avec des aménagements. « J’avais l’autorisation d’être placée seule à une table à l’avant et de sortir en cas de besoin ; j’ai obtenu de passer les épreuves du bac seule dans une salle ». Le maire autorise ses parents à garer leur camping-car près du lycée durant la semaine, ainsi Delphine peut s’y rendre à l’heure du déjeuner ou lors de pauses pour être tranquille. « Le harcèlement s’est calmé mais lorsque ça a recommencé avec l'une des mêmes élèves qui me harcelaient un an et demi auparavant (!), j’ai mis les infirmières au courant tout de suite. Le médecin scolaire a exigé qu'elle soit placée ailleurs dans la classe et pas à côté de moi ».

Acceptée en licence LLCE anglais, Lina a déchanté très vite. « C’est un rêve depuis toute petite d’aller à la fac pourtant. Mais le premier jour, j’étais mal, je ne supportais pas les gens autour de moi ». Elle découvre qu’il est possible de passer ce diplôme à distance, obtient des aménagements grâce à la mission handicap de son université. Elle redouble deux fois sa première année. La troisième tentative est la bonne, « j’ai retrouvé du plaisir dans mes études, je le fais pour moi ».

Sa licence mention très bien en poche, elle se dirige vers les concours de l’enseignement. Fort heureusement, l’Espé est accessible à distance également. Un premier stage au sein d’une école a conforté son choix : « je me sentais très bien, à l’aise avec l’équipe. Assister à une réunion dans une grande salle fermée ne m’a pas posé de problème ». Après le concours, la jeune femme s’apprête à arrêter progressivement les antidépresseurs qu’elle prend depuis 10 ans. « J’ai développé des techniques pour surmonter l’anxiété. J’ai eu la chance d’avoir ma mère à mes côtés qui m’a soutenu, elle s’en est pris plein la figure ».

En 1re année de licence sciences de l’éducation, Delphine s'oriente également vers le professorat des écoles. « Ce que j’ai vécu m’a donné envie d’enseigner dans une école différente. Après le concours, je ferai une année de formation pour enseigner dans une école Montessori. Quand des enfants se sentent mieux dans une école différente, c’est bien qu’il y a un problème avec le système traditionnel, même s’il ne faut pas rejeter toute la faute sur celui-ci ». Pour l'heure, elle suit ses cours en présentiel, mais communiquer avec les autres étudiants est très difficile. « Je me suis liée d’amitié avec un étudiant qui était venu me voir alors que je faisais une crise d’angoisse. Je lui ai un peu parlé de ma situation. Il est prévenant avec moi et semble comprendre ». Globalement, l'étudiante a le sentiment que la vie est plus simple à la fac. « Les professeurs sont beaucoup plus compréhensifs ».

« La phobie scolaire n’enlève pas la capacité à avoir du succès », affirme Luc Mathis, président de l’association Phobie scolaire. « Si je peux m’en sortir, d’autres peuvent le faire, conclut Emma. J’ai compris que je pense différemment c’est tout ».

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