Témoignage Voyager en Corée du Sud avec Myriam : « Il n'y a pas d'âge pour partir »
En bref
- PARTIR POUR SE DÉCOUVRIR, c'est le podcast qui retrace le parcours de jeunes de 18 à 30 ans, partis à l'étranger. Du Canada à l’Espagne, en passant par la Suède, PPSD vous amène aux 4 coins du monde à la découverte de ces jeunes bien décidés à prendre leur destin en main. Ce mois-ci, pour le troisième épisode, rencontre avec Myriam qui a réalisé son premier grand voyage en Corée du Sud à seulement 16 ans.
D'origine franco-allemande, Myriam Le Duhévat entretient depuis son plus jeune âge un goût prononcé pour les langues, le voyage et la découverte d'autres cultures. Elle a 16 ans à peine lorsqu'elle fait son premier grand voyage, seule, en Corée du Sud. Passionnée par ce pays, Myriam se fait alors une promesse, celle d’y retourner avec un visa vacances-travail dès la fin de ses études.
Voyager pour travailler
Myriam Le Duhévat : En Corée, j'y suis allée avec un visa vacances-travail. C'est un visa qui permet à des jeunes […] de travailler dans un pays tout en y vivant pendant un an. […] Il y a un petit dossier à préparer pour obtenir le visa, ce qui n'est pas très compliqué à faire. Et après, on a droit de travailler dans plein de domaines différents. […] J’ai commencé […] dans un restaurant franco-allemand à Séoul. Ensuite […] dans un restaurant coréen. J'ai aussi travaillé dans des marchés de Noël français. J'ai fait du dog-sitting. […] J’ai géré la page Facebook d'un restaurant. Donc, plein de petits jobs comme ça qui m'ont permis de vivre en Corée du Sud. Pendant un an, j'ai beaucoup plus développé mes connaissances du coréen, de la langue coréenne.
CIDJ-Eurodesk : Durant cette année passée à l'étranger, Myriam apprend à se découvrir, à découvrir l'histoire d'un nouveau pays et de ses habitants, ses Coréens qui ont su l'accueillir et lui tendre la main.
Myriam Le Duhévat : C'est un pays qui est assez uniforme. Il n'y a quand même pas tant d'étrangers que ça. Mais les Coréens sont des gens qui sont extrêmement curieux, ouverts aux autres cultures, qui aiment beaucoup voyager. Eux aussi, ce sont de très bons vivants […] qui aiment faire la fête […] aiment la musique, la nourriture et qui sont vraiment très accueillants. […] Des vieilles dames qui avaient vu que j'étais tombée par terre […] m'ont forcé à m'asseoir pour mettre des pansements sur les genoux. C'est un peuple qui est très gentil, très ouvert. C'est un pays absolument magnifique qui a une histoire extrêmement ancienne. […] C'est un pays qui a sa langue, le Hangul, dont l'alphabet a été créé par un roi pour permettre à son peuple de lire, parce qu'avant on utilisait les caractères chinois et donc seuls les érudits, les personnes qui avaient de l'argent, pouvaient s'éduquer. Le peuple était analphabète et donc le roi a créé l'alphabet. Donc voilà, c'est un peuple qui a une histoire absolument fascinante, une culture fascinante, des paysages magnifiques. Les grandes villes, bien sûr, comme Séoul, que vous imaginez, où la tradition, les vieux palais sont au centre de gratte-ciel gigantesque. Il y a la vie de nuit avec les néons partout, les quartiers étudiants, les restaurants, tous les deux mètres, dans la rue. Et il y a aussi la nature, les montagnes, les villes près de la mer comme Busan. […] C'est un bon pays pour une bonne porte d'entrée dans l'Asie, je dirais.
Les amitiés pour surmonter ses difficultés
CIDJ-Eurodesk : En vivant loin de la France, Myriam sait que tout ne sera pas facile tous les jours, mais les expériences et les rencontres l'aident à se sentir bien, même en étant loin des siens.
Myriam Le Duhévat : Quand j'ai participé à un « Naked Run » en Corée […] c'était une course en hiver et il y avait la neige partout, on devait venir de façon un petit peu dénudée, pas super habillée […] Je ne suis pas une grande sportive, mais je l'ai fait juste pour m'amuser, parce que c'était une époque où j'étais un peu triste. […] Au bout de 5 km, j'ai cru que j'allais mourir. Il faisait tellement froid […] j’allais abandonner, et il y a un vieux monsieur coréen qui faisait la course aussi, torse nu, en pantalon, qui courait à côté de moi. Et il est venu à côté de moi, il parlait pas du tout anglais, mais il a commencé à essayer de m'encourager, il m'a dit « don't give up, let's go, let's go, you can do it ! » et il a couru à côté de moi pendant les cinq kilomètres restants de la course. […] Après il était tellement content de m'avoir rencontré (qu’) il m'a invité avec son groupe, il m'a acheté à manger […] à boire et on a pris des photos ensemble. […] C'est une expérience qui rend bien compte de la gentillesse des Coréens.
CIDJ-Eurodesk : La Corée permet à Myriam de croiser le chemin de personnes extraordinaires venant d'horizons des plus divers et dont l'amitié aura particulièrement compté.
Myriam Le Duhévat : Ma plus grande rencontre, c'est avec une jeune fille américaine que j'ai rencontrée le tout premier jour, qui avait dix ans de plus que moi, elle était là pour faire ses études. Elle avait repris une année de master, elle avait 35 ans à l'époque et c'est devenu ma meilleure amie. C'est quelqu'un qui m'a beaucoup soutenue quand on a eu des coups de mou et ça a beaucoup changé ma façon de voir les choses […] parce que j'avais dix ans de moins, mais c'était moi qui travaillais, alors qu'avec 10 ans de plus, elle étudiait. Et elle m'a vraiment fait voir qu'il n'y a pas d'âge pour partir à l'étranger. Il n'y a pas de limite pour se dire "Je vais faire une année à l'autre bout du monde". Elle avait travaillé déjà, elle avait sa maison, elle avait une vie posée, mais elle a quand même refait cette expérience. Voilà, c'est la variété des parcours, la variété des expériences et des histoires des personnes que j'ai pu rencontrer en Corée […] qui m'ont fait me dire […] c’est toujours possible de le faire.
CIDJ-Eurodesk : Ce séjour sera également une occasion pour Myriam de se reconnecter avec son pays, la France, mais aussi avec sa famille et toutes les personnes qui lui sont chères.
Revenir pour apprécier et mieux repartir
Myriam Le Duhévat : Quand on passe beaucoup de temps à l'étranger, dans […] d’autres pays, on relativise beaucoup notre propre culture […] pour se rendre compte (que) « Ah ouais, c'est quand même bien, ce qu'on a en France. C'est quand même pas mal, comment on fait ça en France. » […] La France m'a énormément manqué. […] Je ne me vois pas, par exemple, passer toute ma vie en Corée du Sud, parce que c'est quand même trop loin de la maison. C'est aussi ça que les voyages m'ont appris, c'est apprendre la valeur d'avoir une maison, d'avoir un endroit où on a la famille, les amis, les lieux qu'on connaît. […] Mais j'aimerais vraiment refaire encore des expériences professionnelles quelques années […] quelque part. […] J'aimerais bien découvrir d'autres pays aussi. Maintenant, je suis beaucoup plus attirée par l'Europe.
CIDJ-Eurodesk : Avec le recul, Myriam réalise à quel point cette expérience l'a aidée à grandir, à accepter la différence, mais aussi à devenir plus tolérante et résiliente.
Myriam Le Duhévat : Je suis revenue plus ouverte d'esprit parce que c'était le premier pays où je vivais qui avait une culture tellement différente de la nôtre. […] J'ai fait l'Australie aussi, mais […] c’est un pays très occidental alors que la Corée, c'est tout à fait différent. […] Je me suis trouvée dans des situations où j'étais vraiment frustrée : « Mais pourquoi ça fonctionne comme ça ? Pourquoi ils sont comme ça ? » […] Au début, ça pouvait tellement me frustrer que j’en étais à me dire « C'est bon, je m'en vais, ce n’est pas un pays pour moi ». Mais au bout d'un moment, on apprend à accepter (qu’) ils ont toujours fait comme ça (et que) ce n’est pas toi, la petite Française, qui va changer la culture coréenne […] OK, c'est comme ça, peut-être que tu ne comprends pas, mais c'est comme ça que ça se fait ici.
CIDJ-Eurodesk : Myriam a un petit message à adresser à tous les jeunes qui, comme elle, rêveraient de partir découvrir le monde, rencontrer de nouvelles cultures.
Myriam Le Duhévat : Il y a beaucoup de personnes qui ont peut-être très envie de partir, mais qui se freinent parce qu'elles se disent qu'elles ne sont pas prêtes, qu'elles ne parlent pas assez bien la langue, qu'elles ne connaissent pas assez bien la culture, qu'elles n’ont pas assez d'argent, ou qu'elles n’ont pas assez creusé ce projet... En fait, il n’y a aucun moment où tu seras à 100 % prêt à partir. Moi, je suis partie en Corée, je n'étais pas du tout prête, je ne parlais pas la langue, j'idéalisais complètement la culture à cause de séries et de films que j'avais vus. Mais j'y suis allée quand même et […] au final, j'ai pu construire une expérience qui m'était propre. […] Si vous avez envie de le faire, allez-y et vous grandirez sur place à travers cette expérience.
CIDJ-Eurodesk : Que ce soit dans le cadre de programmes d'échange pour effectuer un stage à l'international, pour s'engager dans du volontariat ou bien encore pour accomplir un projet personnel, le CIDJ et le réseau Info Jeune-Eurodesk vous accompagnent pour concrétiser votre projet. Alors si vous aussi, vous avez envie de partir à l'étranger, rendez-vous directement sur le site du CIDJ pour retrouver les coordonnées des référents Eurodesk près de chez vous.