Actualité Travailler dans l’agriculture, ça concerne aussi les personnes en situation de handicap
En bref
- Que ce soit en sylviculture, dans la pêche ou l’élevage, le secteur agricole manque de bras et embauche. Avec l’évolution du matériel et le déploiement d’outils de compensation, on dénombre 25 000 travailleurs en situation de handicap en 2023. Et les écoles de s’adapter.
Un secteur en recherche de main-d’œuvre
L’agriculture peine à attirer des candidats quand le taux de chômage des personnes en situation de handicap atteint 23,8%. Aussi, favoriser et améliorer l’inclusion de ces publics constituent un enjeu économique et sociétal d’importance. D’autant qu’avec les évolutions actuelles, «agriculture, emploi et handicap sont compatibles » comme le rappelle Christophe Roth, président de l’Agefiph, dans le guide Agriculture : emploi et handicap. Grâce à l’introduction des nouvelles technologies, aux progrès réalisés en matière de sécurité, au développement de la mécanisation et à l’évolution des matériels, les emplois agricoles sont devenus plus sûrs et moins contraignants physiquement pour les personnes en situation de handicap. Par ailleurs, compte tenu de leur dimension, majoritairement à taille humaine, et des valeurs de solidarité et de respect mutuel qu’elles portent, les entreprises agricoles favorisent l’intégration. Dès lors, pourquoi ne pas envisager d’ouvrir plus largement le secteur agricole aux personnes handicapées ?
Aujourd’hui, 25 0000 personnes en situation de handicap travaillent dans le secteur agricole. Elles exercent une profession relevant de l’agriculture, de la pêche, de l’aquaculture ou des travaux forestiers : 60% sont des agriculteurs exploitants et 40% des ouvriers agricoles. Et le secteur continue d’attirer. Fin octobre 2023, d’après France Travail (ex-Pôle emploi), 5,1% des demandeurs d’emploi handicapés (soit 24 000 personnes) recherchaient un emploi dans l’agriculture contre 4,5% pour l’ensemble des demandeurs d’emploi. Ces demandeurs d’emploi se concentrent prioritairement dans les Hauts-de-France, en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie.
Les écoles en embuscade pour mieux prendre en charge ce public
Pour accompagner les personnes en situation de handicap à (re)trouver un emploi, l’Agefiph propose et finance des outils de compensation afin d’aménager et d’adapter les postes et situations de travail. Cet organisme gère également, pour le compte de l’État, la reconnaissance de la lourdeur du handicap (RLH) qui permet aux entreprises de bénéficier d’une aide financière supplémentaire pour l’aménagement de la situation de travail. Les écoles spécialisées (écoles d’ingénieur, écoles d’agronomie), elles aussi , évoluent et s’attèlent à une meilleure prise en charge des étudiants handicapés. À l’image d’AgroParisTech ou d’UniLaSalle, elles mettent en place des aménagements spécifiques de scolarité ou d’examen, et un accompagnement individualisé vers l’emploi. Parallèlement, généralisés dans les universités et les grandes écoles, les référents handicaps accompagnent de plus en plus d’étudiants. En 2023, 2,5% d’étudiants ont été accompagnés dans les CGE et ce taux peut monter jusqu’à 7 % dans certains établissements.
Côté employeurs, des actions de sensibilisation sont également menées pour lever les préjugés persistants sur les compétences des personnes en situation de handicap. Face à toutes ces évolutions, Christophe Roth affiche son optimisme pour l’avenir : « Qu’il s’agisse de formations, d‘opportunités professionnelles, d’aménagement de situation de travail ou d’accompagnements possibles, les obstacles à l’emploi d’une personne en situation de handicap dans les métiers de l’agriculture sont levés ». Dont acte.