Actualité Vers un salaire minimum européen ?
En bref
- Dans un contexte d’inflation et de menaces sur le pouvoir d’achat, une directive vient d’être adoptée par le Parlement européen afin d'inciter les pays membres à proposer un salaire minimum décent.
Lorsqu’elle a présenté cette proposition de directive en octobre 2020, la Commission européenne souhaitait instaurer des salaires minimums adéquats dans les pays membres. Entendez : des salaires minimaux permettant de vivre décemment. Bien qu’il ne relève pas du rôle de l’Europe de légiférer à propos des revenus nationaux, les 27 parvenaient à un accord provisoire en juin dernier. Le Parlement européen vient tout juste de l’adopter, dans un contexte d’inflation et de menaces sur le pouvoir d’achat.
Des salaires minimums européens très variés
Actuellement, 21 pays sur 27 proposent un salaire minimum national. En 2022, son montant varie très fortement, entre 363 € en Bulgarie et 2 313 € au Luxembourg. La France se situe au sixième rang, avec un SMIC à 1 678 €, derrière l’Allemagne (1 744 €), les Pays-Bas (1 756 €), l’Irlande (1 774 €) et la Belgique (1 842 €).
Les 6 autres États – l’Autriche, Chypre, la Finlande, le Danemark, l’Italie et la Suède – ne disposent pas d’une réglementation nationale. Le salaire minimum est ainsi déterminé par secteur d’activité.
La Commission européenne rappelle qu'au cours des dernières décennies, « les bas salaires n'ont pas progressé au même rythme que les autres salaires et la pauvreté au travail a augmenté, passant de 8,3% en 2007 à 9,3% en 2020. »
Avec cette directive, il est donc question d’inciter les pays proposant un salaire minimum de l’augmenter, sans pour autant imposer un seuil minimal.
Pas de salaire minimum européen unique
Si l’accord ne prévoit pas d’imposer un salaire minimum légal aux 6 membres n’en disposant pas, il prévoit d’encourager fortement les négociations collectives. « Dans les pays où moins de 80% des travailleurs sont couverts par la négociation collective, les États, en collaboration avec les partenaires sociaux, devront établir un plan d’action afin d’augmenter cette couverture », précise le Parlement européen.
Vous l’aurez compris, imposer un salaire minimum unique en Europe n’est ni envisagé ni envisageable en raison des économies et des niveaux de vie extrêmement variables selon les États. Mais cette nouvelle directive entend mieux protéger les salariés européens, où qu’ils travaillent dans l’Union.
La députée européenne Klara Dobrev a estimé qu’elle met fin à « des décennies [durant lesquelles] les pays européens se sont livrés entre eux à une concurrence pour présenter les employés les moins chers, les plus vulnérables [tout en parlant] d’un avantage ». Un écho notamment au travail détaché qui a longtemps permis à une entreprise d’embaucher des travailleurs européens en les rémunérant selon le salaire minimum en vigueur dans leur pays d’origine. L’Europe ayant mis fin à cette pratique en 2020. Désormais, les travailleurs détachés bénéficient des conditions de rémunération du pays d’accueil.