Actualité Génération Z : à peine embauchée, déjà découragée

Amaury Mestre de Laroque Amaury Mestre de Laroque
Publié le 29-03-2024

En bref

  • Près de 87% des Français de moins de 27 ans ont déjà fait évoluer leur courte carrière ou songent à le faire. Une rémunération trop faible, le stress au travail, un manque de stimulation figurent parmi les griefs. Sans compter sur leur difficulté à bénéficier d’un accompagnement suffisant, et à obtenir des renseignements sur les perspectives de carrière.
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Génération Z : à peine embauchée, déjà découragée Crédit : Bowie15

Le changement, c’est tout de suite

Le CDI aurait-il vécu ? Les sondages se succèdent et finissent souvent par dresser un même constat : un certain désintérêt pour les formes de contrat de travail qui rassuraient les générations avant 2000. Alors que l’on espérait des éclaircies en matière d’emploi des jeunes, ceux qui sont en poste font grise mine. Le CDI à vie dans la même entreprise, on le devinait désuet, mais peut-être pas à ce point. Ainsi, quatre jeunes actifs sur dix, bien que fraichement débarqués dans le monde du travail, regrettent déjà leur choix de carrière. En cause ? Un salaire (pas assez élevé), un bien-être au travail (pas trouvé), des valeurs et une culture d’entreprise (pas adéquates). Aussi, la tentation d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs pour déjouer le blues de la routine trotte dans beaucoup de têtes. Et déjà une réalité pour certains. Ainsi, un actif sur quatre a déjà changé de carrière, selon l’enquête de la plateforme de recrutement Job Teaser, en partenariat avec Kantar, menée auprès de 1 000 Français de 18 à 60 ans. Une tendance encore plus marquée chez les jeunes de la génération Z (ceux nés après 1997) qui sont 87% à avoir déjà fait évoluer leurs choix de leur (courte) carrière ou à songer le faire. Le plus surprenant, c’est que l’écrasante majorité a eu cette épiphanie très tôt : dès la première année de vie active. Parmi eux, 27% ont même déjà opéré un virage professionnel et 30% s’y attèlent avec ardeur. L’enquête ne précise pas le type de contrat des répondants, et pas davantage sur la nature du changement de carrière, subie ou choisie. Néanmoins, une insatisfaction professionnelle commune à la génération Z se dégage clairement des résultats. Seuls 18% des jeunes actifs se déclarent très satisfaits de leur carrière et sont prêts à donner une note de 9 ou 10 sur 10 à leur employeur. Les autres, non.

Parmi les causes du mécontentement, la rémunération arrive, sans surprise dans un contexte inflationniste, en première ligne. Ainsi, 38% des sondés la citent comme facteur principal. Mais au-delà du salaire trop faible, la Gen Z fustige le stress au travail (pour 28% des répondants) sans lui préférer la monotonie, l’ennui et la routine (26%) qu’elle fuit au même titre. Contrairement peut-être aux générations précédentes, celle qui arrive sur le marché du travail semble refuser l’idée que challenge et stress soient nécessairement liés. Le premier étant perçu pour eux comme un moteur à leur épanouissement professionnel, l’autre comme un frein. Autre point de friction, déjà pointé par d’autres études : le manque d’alignement entre les valeurs défendues par l’entreprise et les leurs (25% des répondants) dont notamment « la transparence », « l’éthique », « la diversité » ou encore « le respect de l’environnement ». Travailler dans un environnement qui correspond à leurs valeurs donc, mais aussi à leur personnalité. Pour les jeunes interrogés, leur bien-être au travail serait renforcé si leur métier était plus créatif (pour 66% des sondés), interactif (54%) et même manuel (49%). Mais, leurs attentes se heurtent souvent à la réalité du terrain. Durant leur passage dans le monde du travail, un tiers des jeunes actifs considère ne pas avoir bénéficié d’un accompagnement suffisant. La moitié estime même qu’il est « difficile d’obtenir des renseignements sur les possibilités de carrière » qui s’offrent à eux. Derrière l’image d’une génération « zapping » ou « éternellement insatisfaites » se cache en réalité une force vive qui sait ce qu’elle veut et qui le fait savoir. Quitte à bousculer le rapport au monde du travail et ses boomers de recruteurs...

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