Conseils Une grande école sans sortir d'un lycée ou d'une prépa cotés
En bref
- Les élèves des établissements parisiens les plus élitistes ne sont pas les seuls à intégrer les grandes écoles. D’ailleurs, les IEP affichent depuis plusieurs années leur volonté d’accueillir une plus grande "diversité" d’étudiants dans leurs rangs, et ils ne sont pas les seuls !
Avez-vous des chances d’intégrer une grande école sans sortir d’un lycée très coté ou d’une prépa bien classée ? Quelles sont les voies d’accès spécifiques auxquelles vous pouvez accéder ? Quels doivent être vos atouts pour être sélectionné ? Nous vous donnons des conseils à travers les réponses de différents responsables de grandes écoles.
Lycéens : bénéficiez des conventions avec les IEP
Le directeur de Sciences Po Lille, Pierre Mathiot, l’affirme : "Les candidats qui réussissent le concours des IEP sont tout simplement de très bons élèves de l’enseignement secondaire, quel que soit leur lycée d’origine, contrairement aux admis de Normal Sup, dont la majorité vient des trois ou quatre mêmes lycées."
Pour ouvrir leurs formations à une plus grande diversité de publics, les IEP ont mis en œuvre, selon des modalités différentes entre Paris et les régions, des conventions avec certains établissements. "Pour démocratiser le recrutement, explique Pierre Mathiot, nous avons mis en place, à Lille puis dans les autres IEP de province, le PEI (programme d’études intégrées), qui a pour objet de préparer les élèves au concours normal d’entrée."
Le PEI est un programme d’accompagnement des élèves d’origine modeste, accessible dès la troisième selon les revenus de leurs parents. "Vous êtes informé de l’existence du programme dans votre établissement, précise Pierre Mathiot. Il existe dans 40 collèges et 80 lycées, et nous pouvons le mettre en place avec tout établissement dans lequel un élève ou un enseignant en fait la demande." Intéressé par ce programme ? Parlez-en à votre professeur principal ou à votre proviseur.
Pour Sciences Po Paris, seuls les 95 établissements de zones d’éducation prioritaire (ZEP) bénéficient de conventions d’éducation prioritaire (CEP) , celles-ci s’adressent à tous les élèves de ces lycées, et pas uniquement aux boursiers. Autre différence : "Les candidats à Sciences Po Paris issus d’un établissement CEP ne suivent pas la même procédure d’examen d’entrée, explique Laura Lanzone, chargée de mission au Pôle Égalité des chances. Ils présentent une revue de presse devant un jury présidé par leur proviseur. Les étudiants ont été préparés à cette revue de presse dans leur lycée dans le cadre d’un atelier Sciences Po : c’est un exercice préparé à l’écrit et présenté à l’oral pendant 40 minutes." Si vous êtes élève d’un établissement CEP, vous pouvez vous inscrire à cette procédure qui débouche, en cas d’admissibilité, sur un entretien à Sciences Po Paris.
À noter : certains lycées organisent leurs propres prépas à Sciences Po, le samedi matin ou le soir, et vous n’êtes pas obligé d’être élève de l’établissement pour y accéder. Renseignez-vous dans votre lycée ou votre CIO (Centre d’information et d’orientation) sur les prépas qui existent dans votre ville ou dans les communes voisines.
Des outils en ligne pour vous préparer
Différentes prépas sont aussi à votre disposition sur internet, notamment la formation Tremplin accessible dès le lycée, avec un système de copies corrigées en ligne par des enseignants… Attention, elles constituent un vrai investissement en travail et en temps !
Passer devant le jury : quelques conseils pour réussir votre oral
Pour intégrer une grande école, vous serez convoqué, après avoir passé et réussi les écrits, à un entretien devant un jury. Lors de cet oral, vous ne serez plus jugé sur vos seules notes mais sur votre personne et ce que vous pouvez apporter à l’école, à travers vos expériences.
Chantal Dardelet, responsable du Pôle Égalité des chances de l’Essec, nous l'explique : "Vous avez tout intérêt à compléter votre parcours par des engagements extracurriculaires : travailler pendant les vacances, bourlinguer à l’étranger, être responsable d’une association…"
D'après Laura Lanzone de Sciences Po Paris : "Le mauvais candidat n’est pas celui qui bafouille ou qui sèche, car le jury est là pour l’aider à s’exprimer, mais celui qui est prétentieux, qui pense savoir tout sur tout et, quelles que soient ses idées, qui est fermé au débat."
Vous ne sortez pas de la meilleure prépa ? Ne complexez pas !
Moins de concurrence en région que dans les grandes prépas parisiennes
En province, vous ne subirez pas la même concurrence qu’à Paris : beaucoup d’élèves de classes prépa parisiennes privilégient les grandes écoles de la capitale. "Un khâgneux de Lakanal, Henri IV ou Janson de Sailly qui réussit Sciences Po Lille et qui est pris en hypokhâgne va généralement poursuivre en hypokhâgne, affirme Pierre Mathiot. Pour la frange la plus bourgeoise des étudiants parisiens, la province reste un deuxième choix après Paris."
Les prépas de proximité sont aussi reconnues par les grandes écoles
Ne vous fiez pas aux classements des classes prépa. Certaines prépas vous correspondront plus que d’autres, et il ne s’agira pas forcément de la plus cotée. "La CPGE reste la meilleure formation pour développer les capacités de travail requises en grande école, affirme Chantal Dardelet, mais une prépa de proximité moins prestigieuse qu'une prépa cotée de Paris peut mieux correspondre à certains profils et permettre à ses étudiants de trouver leur place dans une grande école de management."
Ne vous autocensurez pas !
"Une grande école, pourquoi pas moi ?" C’est le nom d’un programme de tutorat développé par l’Essec pour que les jeunes lycéens de région parisienne exploitent au mieux leur potentiel, en les informant de toutes les possibilités d’études. "Attention, le but du jeu n’est pas d’intégrer l’Essec, prévient Chantal Dardelet, mais de permettre à chaque jeune de trouver sa voie et d’aller au plus loin de ses capacités." Alors, pourquoi pas vous ?