Témoignage Créer son entreprise dans l'ESS : 24 heures avec Margaux, co-fondatrice de "Les mauvaises herbes"

Valérie François Valérie François
Publié le 06-03-2013

En bref

  • A l'occasion de la semaine de l'entrepreneuriat féminin, cidj.com met en avant toute la semaine des jeunes entrepreneures pleines d'idées. Nous commençons par Margaux qui a créé une entreprise de l'économie sociale et solidaire : Les mauvaises herbes.
Crédit : CIDJ

Margaux grimpe quatre à quatre les 5 étages qui la mènent au bureau de son association Les mauvaises herbes. “Je grimpe comme un cabri parce que si je m’arrête, c’est fichu !” s’exclame-t-elle en arrivant sur le palier, à peine essouflée. “Et voilà mon cagibi !” dit-elle en ouvrant la porte d’une minuscule pièce. Margaux se faufile à sa table de travail, coincée entre une pile de cartons et un mur blanc carrelé.

“C’est petit, mais au moins nous avons un local à nous. Plus besoin de squatter les cafés bruyants ou l’appart des uns et des autres pour discuter avec mes deux associées. Ça m’a fait beaucoup de bien, d’avoir ce lieu.”

Comment Margaux a-t-elle eu l'idée de créer Les mauvaises herbes ? Passionnée de cuisine, il lui semble logique de remonter la filière, de l'assiette au champ, et de s'intéresser à la production agricole. Mais pour cette Parisienne, difficile de s'imaginer vivre à la campagne plus de 10 jours par an ! Alors, pourquoi ne pas combiner les deux en créant des potagers dans la ville ?

En 2011, après un voyage d’étude de 6 semaines au Canada et aux États-Unis, Margaux décide de se lancer et monte une association, Les mauvaise herbes, qui, elle l'espère, deviendra bientôt une coopérative. Le but de la structure est double : produire dans les cités des fruits et légumes pour permettre aux habitants de s’alimenter sainement, et créer du lien social par le biais d’ateliers ou d’événements. Mais l’idée n’est pas venue en un jour. “Il y a eu beaucoup de doute et de grattage de tête”, avoue Margaux.
 

Avant de se lancer, une idée doit mûrir, explique Margaux. J’ai rencontré beaucoup de monde, je suis allée à des colloques, à des séminaires, j’en ai beaucoup parlé autour de moi… J’ai mis 4 mois à tout fixer sur une feuille de papier ! Nous avons aussi répondu à des appels d’offres et à des candidatures pour entrer dans des incubateurs. Cela nous a beaucoup aidées à formaliser notre projet.

Quand on se lance dans l'économie sociale et solidaire, on reçoit beaucoup de soutien, sans doute plus que dans l'économie classique car nous ne sommes pas dans un rapport concurrentiel. En revanche, il est difficile de trouver une pérennité économique là où il n'y en a pas eu avant. Il faut réfléchir à tous les modèles économiques, trouver de l'argent là où on n'a pas l'habitude d'en mettre…”

“C’est passionnant ! s’enthousiasme Margaux. Mais c’est aussi usant et épuisant”, avoue-t-elle. Pour monter Les mauvaises herbes, elle a dû retourner vivre chez ses parents, accepter des petits boulots, piocher dans ses économies pour louer ce local au 5e sans ascenseur…

“Il ne faut pas croire que tout va être génial. On ne peut pas être à 200 à l’heure tout le temps. On passe par des hauts et des bas, on a des moments d’énergie folle et de démotivation totale. J’ai parfois eu envie de passer à quelque chose de plus simple. Je me sentais tellement fatiguée… Et il n’y a pas de honte à dire qu’on abandonne quand cela ne devient vraiment plus possible pour soi…”
 

Margaux, elle, n’a pas abandonné. Ses périodes de doute et de fatigue n’ont jamais remis en cause son projet. “Aujourd’hui, on ne peut toujours pas se payer. Nous sommes trois associées, et on a toujours su qu’on ne pourrait pas en vivre toutes les trois. Mais on a voulu continuer car c’est un projet qui nous tient à cœur.”

Pour son bien-être, Margaux a compris qu’elle devait reprendre une activité et gagner sa vie de manière plus durable. Grâce à son réseau, elle a trouvé des missions de consultante en gestion de projet dans des associations. “Le projet avancera mieux et plus vite si j’arrive à gérer mon temps de manière plus efficace et si je travaille avec plus d’enthousiasme”, conclut-elle avant de courir à son prochain rendez-vous…

Nous rencontrer Nous rencontrer

Le réseau Info jeunes est accessible à tous les publics (collégiens, lycéens, étudiants, salariés, demandeurs d'emploi...) mais aussi à leurs parents, à leurs enseignants et à tous les travailleurs sociaux. L'accès est libre et gratuit.