Vos droits Syndicats étudiants : qui sont-ils et à quoi servent-ils ?
En bref
- En février 2024, les étudiants ont été amenés à voter pour leurs représentants.
- Les rôles et les missions des syndicats restent méconnus des jeunes, dont le taux de participation aux dernières élections atteint à peine les 10 %.
- En défendant les droits de la jeunesse, ces organisations bataillent pourtant depuis plus d'un siècle avec des résultats tangibles.
Des élections qui peinent à mobiliser
Les grandes manœuvres démarrent en hiver. En février 2024, les étudiants de France étaient invités à élire leurs représentants au sein des instances des Centres régionaux des œuvres universitaires (Crous). Après dépouillement des votes, sept jeunes élus émergent dans chaque Crous pour siéger au conseil d'administration et participer au processus de décisions liées au fonctionnement de l'université. Gestion des bourses, attribution des aides sociales, participation aux politiques conduites en matière de logement, de restauration universitaire, de vie étudiante, culturelle et sportive… Ils servent à cela les émoulus de février, mais pas seulement. Ces 182 élus, à leur tour grands électeurs, se sont retrouvés dans l'isoloir deux mois après leur sacre pour désigner leurs délégués nationaux. C’est ainsi que les 3 et 4 avril 2024, huit représentants étudiants ont accédé au conseil d’administration du Centre national des œuvres universitaires (Cnous). Avec un mandat de deux ans, ces élus représentent près d’un tiers des membres du conseil d’administration. Et nouveauté 2024, après des années de calme plat, le niveau de participation national aux élections de février, celles qui concernent directement les étudiants, a battu un record (8,77 %). Il s’agit du plus haut niveau enregistré depuis plus de dix ans. Pour Clément Cadoret, président par intérim du Cnous, ce n’est pas une surprise, car « depuis la crise sanitaire, les enjeux de vie étudiante (logements, bourse, repas, etc.) suscitent un grand intérêt ». Et c’est bien souvent par temps de crise que l’union fait sens et donne le départ à la création de nouvelles organisations syndicales.
Toujours au chevet des étudiants et parfois en relais des forces politiques
La Fage, l’Unef ou encore l’Uni, tous ces syndicats rassemblent des jeunes désireux de servir leurs pairs, en défendant les intérêts matériaux et moraux des étudiants. Bien que ces associations militent et prônent des idées politiques, ces dernières ne revendiquent pas ouvertement d’appartenance aux partis. D’ailleurs, leurs actes de naissance sont parfois bien antérieurs à ceux des formations politiques actuelles. Ainsi, l’Union nationale des étudiants de France (Unef) demeure le premier syndicat étudiant créé en 1907. Il a joué depuis un rôle clé dans l’obtention de nombreux « acquis sociaux », notamment pendant les manifestations de Mai 68. Instauration de la mixité hommes/femmes en classe, division de l’université de Paris en treize établissements, majorité et droit de vote abaissé à 18 ans… Malgré ces victoires, l’opposition s’organise au même moment pour accoucher du premier syndicat de droite, l’Union nationale inter-universitaire (Uni). Quelques années plus tard, en 1986, les syndicats s’imposent à nouveau par un grand mouvement de contestation au projet de loi Devaquet qui souhaite instaurer une sélection à l’entrée à l’université. Face à la rue, le pouvoir recule et enterre le projet. Dans l’euphorie émerge une nouvelle organisation moins politisée que l’Unef, la Fédération des associations générales étudiantes (Fage). Elle ne sait pas encore qu’elle deviendra la première force estudiantine de France. Beaucoup plus tard, en 2015, la Cocarde sortira tout droit des bancs de la fac d’Assas pour faire entendre la voix de l’extrême droite. Mais l’histoire tumultueuse des organisations étudiantes ne s’arrête pas là. Au contraire, le plus jeune syndicat de l’histoire, qui souffle sa première bougie cette année, vient de s’arroger la première place au classement des syndicats étudiants. Aux dernières élections de 2024, l’Union étudiante a arraché 64 sièges, soit quatre de plus que la Fage. Mais attention, il y a un truc : ce « nouveau » syndicat est né de la fusion de deux « anciennes » organisations (L’alternative et une branche de l’Unef). Un nouveau nom pour une nouvelle vie. Une renaissance, comme en politique…