Conseils Oral : 10 conseils pour réussir votre prise de parole

Odile Gnanaprégassame Odile Gnanaprégassame
Publié le 23-03-2020

En bref

  • Exercice redouté par plus d’un (dont vous faites peut-être partie ?), la prise de parole est un moment qui peut faire basculer un oral d’examen ou de concours, un entretien… dans le bon comme dans le mauvais sens. Alors mieux vaut être bien préparé ! Voici quelques conseils avisés de professionnels pour réussir votre prise de parole.
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Oral : 10 conseils pour réussir votre prise de parole Crédit : Unsplash

Une prise de parole, quel que soit le contexte, est un moment qui peut générer du stress, du trac, des émotions, qu’il va falloir apprendre à gérer pour réussir au mieux cet exercice. Cette réussite repose en grande partie sur votre préparation et bien sûr sur votre prestation le jour J. Nous avons échangé avec Marie Fromont, qui a fondé Donnez du corps à votre parole pour former à la prise de parole et à la communication, Sophie Hélène présidente de l’association Trouve ta voix qui intervient en lycée pour former à l’art oratoire, Adeline Garlenq, professeure de français en classe de 3e, qui a initié un atelier, puis un cours d’éloquence dans son collège, et Johanna Zeitoun, doctorante en droit et formatrice bénévole chez Trouve ta voix. En sont ressortis 10 conseils qui vous serviront tout au long de votre parcours scolaire puis professionnel.

Conseil n° 1 : Apprenez à vous connaître pour mieux communiquer

Selon le contexte, oral d’examen, de concours ou présentation orale pour défendre un projet, par exemple, l’auditoire varie mais l’objectif reste le même pour vous : être entendu et compris. Lorsque vous êtes au clair avec vos idées et arguments, vous êtes à même de les communiquer avec conviction. Si ce n’est pas le cas, vous risquez d’être déstabilisé lors des échanges avec vos interlocuteurs. Exposer sereinement votre argumentation face à un auditoire qui voudra en savoir plus, nécessite d’avoir une bonne connaissance de soi… et des autres.

Comment y parvenir ? « Appréhender les relations humaines, ça s’apprend, même si, seul, c’est difficile. Il est possible de développer cette capacité en participant à des ateliers proposés par sa ville ou son école. L’idée, c’est d’évoluer dans des cercles sociaux, familiaux différents du vôtre. Cela peut être en devenant délégué de classe, en s’investissant dans un loisir, une activité, du bénévolat… Plus on côtoie des personnes issues de divers horizons, plus on se rend compte de ce qu’on veut dire, de ce qu’on aime et de ce qu’on veut partager avec les autres. L’échange permet aussi de confronter ses points de vue, d’avoir des éclairages nouveaux. On réalise qu’il n’y a pas qu’une seule manière de voir les choses », explique Marie Fromont.

L’interaction avec les autres, l’apprentissage des codes pour s’adapter partout, c’est aussi ce que propose Adeline Garlenq dans son cours d’éloquence : « les élèves sont amenés à réfléchir par eux-mêmes, à développer leurs propres opinions - alors que bien souvent ils ne pensent pas en avoir - et à entrer dans l’arène citoyenne en mettant en place des débats. On organise aussi des simulations d’entretien, d’appel pour un stage ».

Conseil n° 2 : Entraînez-vous à la prise de parole pour être à l’aise

Le meilleur moyen pour réussir votre prise de parole, c’est l’entraînement ! Il existe toute une panoplie d’exercices pour travailler la posture du corps, le rythme, la voix, l’élocution, l’articulation, le ton… que vous pouvez reproduire chez vous, seul ou en groupe. Vous en trouverez pas mal sur internet. Mais vous pouvez aller plus loin en participant à des ateliers de théâtre ou d’éloquence, c’est-à-dire, l’art de bien parler, de s’exprimer avec aisance. 

« Un exercice assez simple consiste à parler en tenant un stylo dans sa bouche. Regarder les discours de grands orateurs et oratrices sur les réseaux sociaux est aussi instructif », déclare Sophie Hélène qui conseille également de lire pour enrichir son vocabulaire ou encore d’organiser des débats entre amis.

« Durant le cours d’éloquence, nous étudions la gestuelle d’un discours comme celui du président Obama, sans le son, rapporte Adeline Garlenq. Nous utilisons aussi les virelangues (groupes de mots difficiles à articuler, ndlr) comme « panier piano », des exercices de théâtre, où, par exemple, les élèves doivent faire passer une émotion en ne disant que des noms de fruits ». Et, la professeure de français l’assure, « assister à des spectacles et concours d’éloquence permet d’apprendre en regardant les autres et, pourquoi pas, donner envie de participer lorsqu’on se sent prêt ». « On peut aussi s’amuser à exprimer ce qu’on veut dire de différentes manières devant différents publics », précise Marie Fromont. 

Conseil n° 3 : Détachez-vous des idées reçues pour être acteur de votre prise de parole

Il est impératif de vous défaire de tout préjugé ou idée reçue auxquels vous avez peut-être été habitué. « Les jeunes auprès de qui nous intervenons ont un manque total de confiance en eux d’abord dû à leur jeune âge mais aussi à certains clichés véhiculés dans les médias. Ils se disent, « je suis nul, je n’ai rien à dire, personne ne va m’écouter ». Or chacun a des choses à dire, mais il y a de nombreuses barrières à surmonter, comme la peur d’être moqué par les autres. Nous avons choisi de commencer par des sujets du quotidien qui les touchent en organisant des débats afin qu’ils se sentent progressivement en confiance pour s’exprimer », rapporte Sophie Hélène.

Johanna Zeitoun a dû, elle aussi, lutter contre les idées qu’on lui a inculquées : « On m’a répété depuis mon enfance que je parle trop vite, et je me suis mis dans la tête que ça ne sert à rien que je parle puisqu’on ne m’entendrait pas ». Sa participation à un concours d’éloquence alors qu’elle était étudiante en droit lui a donné énormément de confiance en elle et lui a permis de poser sa voix. « Si j’ai un conseil à donner, c’est qu’il faut oser participer à ce genre d’exercice, car on apprend beaucoup sur soi-même. Tout le monde a du potentiel, il faut savoir l’exploiter ». « Souvent, on peut penser qu’on ne connaît rien sur un sujet, alors qu’on sait plein de choses. Il faut se demander " qu’est-ce que je pourrais dire de manière spontanée sur ce sujet ? ", puis définir les idées clés, et seulement après puiser dans ses connaissances ou ressources extérieures pour compléter. On peut par exemple partir d’une expérience personnelle ».

Conseil n° 4 : Trouvez la manière la plus adaptée pour organiser vos idées

Il ne faut pas apprendre par cœur ce que vous allez dire, ni tout écrire sur une feuille de brouillon. Car pour conserver la spontanéité qu’exige une prise de parole, il faut éviter de rester collé à ses notes. À vous de trouver quelle méthode va vous convenir le mieux. « Utilisez un support pour écrire, non pas des phrases, mais des mots-clés qui permettront de retrouver les idées que vous avez préparées. Ainsi, vous gardez une certaine liberté dans l’échange », explique Marie Fromont.

« Chacun doit trouver la méthode la plus adaptée à soi pour organiser ses idées. Vous pouvez, par exemple, prendre une feuille et la diviser en quatre espaces ou utiliser le mind mapping : l’idée principale est au centre, et autour, les idées secondaires à développer. Il faut avoir testé différents supports car ce qui fonctionne pour les autres, ne fonctionne pas forcément pour soi. Peut-être solliciter l’avis extérieur d’un professeur, d’un proche, pour trouver des outils qui vont vous convenir ».

Conseil n° 5 : Restez vous-même

« Une prise de parole est réalisée avec succès lorsqu’on a réussi à faire passer les deux ou trois messages que l’on veut porter… sans faire appel à des apparats de comédiens », énonce Sophie Hélène. Comprendre : la prise de parole est efficace si vous restez vous-même. Cela passe naturellement par la tenue que vous portez. « Il faut se sentir à l’aise, libre et en accord avec soi-même. Néanmoins, il y a un minimum à respecter puisqu’on est dans l’interaction avec un ou des interlocuteurs qui ont leurs propres codes sociaux. Si vous ne pouvez pas contrôler la perception de votre interlocuteur, vous ne pouvez la nier », ajoute Marie Fromont.

Conseil n° 6 : Soignez votre entrée, c’est déterminant !

Avant tout, il est nécessaire de vous échauffer, le corps, la voix. Faites des étirements, des respirations pour canaliser votre agitation. 

Car, vous le savez, tout ou presque se joue dans la première impression que vous donnez. « 70 % de la relation se joue dans le premier regard, le premier bonjour », insiste Marie Fromont. Donc votre prestation débute dès votre entrée dans la pièce. « Prenez le temps de rester dans l’instant présent, ne pensez pas tout de suite à ce que vous allez dire. Ce moment permet d’appréhender beaucoup d’informations qui seront utiles pour la suite », poursuit la formatrice. Il permet de créer une relation avec l’auditoire, par le regard notamment.

Puis, lorsque vous débutez, rappeler pourquoi vous êtes là permet d’introduire votre prise de parole. « C’est toujours très bien d’arriver à un oral avec le sourire, on se met dans de bonnes dispositions et on conserve une attitude positive », affirme Sophie Hélène. 

Conseil n° 7 : Soyez dans une intention de communication avec l'autre

« Votre prise de parole sera réussie si vous vous attachez à trouver du plaisir dans la communication avec votre auditoire. Demandez-vous ce que vous avez envie de partager, déclare Marie Fromont. Rien ne vous empêche de partir d’un exemple personnel qui permette de vous approprier le sujet. Vous pouvez commencer par un jeu, une mise en situation ou en interpellant le jury par "imaginez que…" ».

Tout au long de votre prestation, vous serez assailli par deux choses : ce que vous ressentez (" Est-ce que je me sens à l’aise ? " " Est-ce que je me sens agressé ? ") et ce que vous percevez de l’auditoire (" Que m’inspire mon interlocuteur ? " " Que puis-je faire pour intéresser un interlocuteur qui semble fermé ? " " Que pense-t-il de moi ? "). Puisque vous aurez travaillé sur votre appréhension des relations humaines grâce au conseil n° 1, vous serez en mesure de ne pas vous laisser submerger par les émotions et le stress qui peuvent parasiter ou couper la communication. Et, si vous êtes toujours stressé, le meilleur moyen d’évacuer cet état, c’est de le dire, tout simplement, cela aura un effet calmant !

Conseil n° 8 : Adoptez la bonne posture et le bon rythme

N’oubliez pas que vous vous adressez à un auditoire dont il va falloir maintenir l’attention. Vous devez veiller à son confort d’écoute. Cela commence par le placement de votre corps dans l’espace. « La bonne posture, c’est celle dans laquelle on se sent libre. Il faut identifier ses points d’appui et ses forces. Certaines personnes sont souples dans le haut du corps et vont utiliser leurs mains pour s’exprimer, par exemple. Ce qui aide, c’est de trouver un repère qui aide à se recentrer comme les battements du coeur, les pieds ancrés dans le sol, la gestuelle », explique Marie Fromont.

Il est important de prendre en compte l’auditoire pour adapter le rythme, le ton et les temps de pause. « Cela ne sert à rien d’enchaîner trois arguments à la suite au risque de perdre l’attention de certains interlocuteurs. Ayez un débit régulier, ne parlez pas trop vite ou trop lentement, explique Sophie Hélène. La gestion du regard est primordiale pour impliquer les interlocuteurs. » Attention, ne regardez qu'un interlocuteur à la fois, en balayant ainsi l'auditoire.

« L’art oratoire, c’est aussi l’art de se taire au bon endroit, au bon moment : après un argument qu’on a vraiment envie de faire passer ou après un moment fort du discours », poursuit Johanna Zeitoun. 

« Pas de panique si vous perdez le fil, n’hésitez pas à dire, avec le sourire, " je vais reprendre le fil " ou encore " là, vous vous demandez où je veux en venir ? J’y arrive ". L’humour, ou en tout cas présenter les choses de manière positive peut aider à dédramatiser », conclut Marie Fromont.

Conseil n° 9 : Montrez que vous êtes à l’écoute

Si un membre de l’auditoire ou votre interlocuteur vous demande de répéter ou de préciser votre pensée, restez bien entendu ouvert. Il peut arriver que vous soyez interrompu par une question. Ne vous précipitez pas, prenez le temps d’y répondre. N’hésitez pas à faire reformuler si vous ne comprenez pas la question, vous éviterez de répondre à côté. N’oubliez pas que vous êtes dans un échange et que le but de votre prise de parole est d’être compris. Le support que vous aurez réalisé grâce au conseil n° 4, devrait vous aider à naviguer dans votre argumentation.

Conseil n° 10 : Faîtes le bilan de votre prise de parole

C’est terminé, vous l’avez fait ! Cette prise de parole a été un moment intense en émotions, qu’elles soient positives ou négatives. Prenez le temps d'accueillir ces émotions. Quel que soit le résultat, cette expérience va nourrir vos prochaines prises de parole, puisque vous allez apprendre de vos succès comme de vos maladresses. 

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