Actualité Agressions sexuelles : ce qu'il faut savoir sur le GHB
En bref
- On entend beaucoup parler du GHB en ce moment. Sur les réseaux sociaux, les témoignages de victimes qui disent avoir été droguées à leur insu dans des bars ou des soirées étudiantes se multiplient. Appelée aussi « drogue du violeur », cette molécule est connue pour causer des malaises et des trous de mémoire mais le GHB n’est pas la seule substance utilisée à des fins de viol ou d'agressions sexuelles.
"Dès les premières gorgées, j'ai ressenti des vertiges et une légère euphorie puis après black-out total..." De nombreux autres témoignages d'intoxication ont été rapportés sur les réseaux sociaux sous le hashtag #BalanceTonBar.
Le GHB est difficile à détecter dans un verre
"Au départ, le GHB est utilisé en médecine comme produit anesthésiant mais son usage a été détourné" commence Laurence Vasse, addictologue. Si cette drogue peut être consommée (non sans danger) de manière volontaire et récréative pour son côté désinhibant elle est surtout connue sous le surnom de "drogue du violeur". En effet, le GHB peut mettre la personne qui en ingère dans un état second et lui faire perdre ses moyens. A forte dose, les effets du GHB sont ceux d'un somnifère puissant, lit-on sur le site Drogues Info service.
Glissé discrètement dans un verre, le GHB est difficile à détecter. On le trouve sous la forme d'une poudre blanche soluble ou sous forme liquide, où il ressemblerait à de l'eau : « le GHB n’a pas d’odeur, pas de couleurs, pas de goût » confirme le docteur Laurence Vasse.
Des produits multiples
Face aux nombreux témoignages, souvent de jeunes femmes, des campagnes de prévention ont été mises en place. C'est le cas notamment à Tours ou encore à l’université d’Avignon qui a sorti un dépliant pour informer ses étudiants et distribue gratuitement une protection de verre réutilisable. Plusieurs autres inventions ont aussi été développées comme une paille dotée de capteurs ou encore un vernis qui change de couleur quand il est trempé dans une boisson contenant du GHB. Mais ces dispositifs ne sont pas encore très répandus et surtout, le GHB n’est pas le seul produit qui peut être utilisé par un agresseur.
"Beaucoup d’autres produits comme les médicaments de la classe des benzodiazépines comme les Lexomil, Xanax ou Valium peuvent provoquer les mêmes effets et rendre une personne somnolente et peu réactive" explique l'addictologue. "Il y a aussi les nouvelles drogues de synthèses fabriquées à partir de médicaments qui sont difficiles à dépister car ce sont des molécules inconnues" ajoute-t-elle. C’est pourquoi une grande vigilance s’impose. Et mieux vaut éviter de laisser son verre sans surveillance ou d’accepter un verre offert s’il n’a pas été servi devant vous.
Dans les bars, boîtes de nuit mais aussi dans les soirées privées, il est conseillé de rester attentif et de veiller les uns sur les autres. "Quand on est alcoolisé, on est beaucoup moins vigilant et on se met plus en danger" alerte Laurence Vasse avant d'ajouter qu'"en ce moment, on en entend beaucoup parler des produits qui peuvent être mis à notre insu dans un verre mais la très grande majorité des gens reçus aux Urgences qui ne se souviennent pas de ce qui s'est passé pendant la nuit sont des personnes qui ont bu de l'alcool".
En cas d'agression, on parle alors dans ce cas de "vulnérabilité chimique". C'est-à-dire lorsqu'un agresseur profite de la fragilité d'une personne ayant pris volontairement une substance psychoactive (alcool, médicament, cannabis ou autres drogues...).
GHB : comment réagir ?
En général, "les premiers effets du GHB arrivent au bout de 15 à 30 minutes et durent environ une heure" explique Laurence Vasse. "La victime peut être désinhibée, somnolente, avoir des trous de mémoire, faire des choses qu'elles ne feraient pas habituellement ou être incapable de réagir... Des effets qui ressemblent beaucoup aux effets que peut avoir l'alcool, c'est pourquoi " il est très compliqué de faire la différence" insiste l'addictologue. En revanche, "ce qui peut interroger c'est s’il y a un écart entre la consommation d’alcool consommé et l’état de la personne" poursuit-elle. En clair, si une personne boit une petite quantité d’alcool mais a un comportement inhabituel ou perd ses moyens, il y a de quoi avoir des doutes.
Si vous vous sentez mal en soirée, ne vous isolez pas. En effet, il est primordial de ne pas laisser une personne qui ne va pas bien seule. Au contraire, il faut la surveiller et prévenir rapidement les gérants du lieu. Selon l'état de la personne, appelez les secours (15, 18, 112). Aux Urgences, des examens cliniques et des analyses pourront éventuellement être réalisés en cas de suspicion. " Le GHB reste 12 heures dans les urines mais seulement quelques heures dans le sang" explique Laurence Vasse.
Enfin, si la victime le souhaite, elle pourra également se rendre au commissariat pour témoigner et porter plainte. Rappelons que la cause d'un viol ou d'une agression sexuelle n'est pas le GHB, l'alcool ou le comportement de la victime mais bien l'agresseur. Dans le cas d'une soumission chimique, le coupable risque 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende. Lorsque ces faits sont commis sur un mineur de 15 ans ou sur une personne vulnérable, c'est 7 ans de prison et 100 000 euros d'amende.