Actualité La précarité alimentaire a fortement augmenté en 2022
En bref
- Selon une étude récente du Crédoc, 16% des Français déclarent ne pas manger à leur faim. Chez les personnes de moins de 40 ans, ce chiffre atteint même 24%.
L’année 2022, marquée par l’inflation, a fait beaucoup augmenter les prix et par contrecoup la précarité alimentaire. C’est l’amer constat que dresse l’étude du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) publiée mi-mai 2023. En 2022, 16% des Français déclarent manquer de nourriture. Particulièrement touchés, les jeunes adultes.
La précarité alimentaire s’est accélérée au deuxième semestre 2022
Alors que la précarité alimentaire n’avait augmenté que de 3 points entre 2016 et juillet 2022, elle a bondi de 5 points en seulement 5 mois passant de 12% à 16% entre juillet et novembre 2022. Fin novembre 2022, 16% des Français avouaient ne pas manger à leur faim.
A l’origine de la précarité alimentaire : l’inflation. En janvier 2023, elle atteignait 6% pour l’ensemble des produits et services et 15% pour les seuls produits alimentaires contraignant les plus démunis à réduire leur alimentation pour faire face aux autres dépenses contraintes et non modulables (loyer, abonnements, cantines scolaires, etc…).
Si l’insuffisance alimentaire concerne toutes les classes socio-démographiques, certaines d’entre-elles sont particulièrement touchées. En premier lieu, les jeunes adultes : 24% des moins de 25 ans et 24% des personnes âgées de 25 à 39 ans manquent de nourriture contre 7% pour les 60-69 ans et 3% pour les moins de 70 ans. Viennent ensuite les femmes (18% sont en insuffisance alimentaire contre 14% pour les hommes), les chômeurs (30% manquent de nourriture contre 14% pour les personnes en emploi) et les personnes faiblement rémunérées (31% des personnes en insuffisance alimentaire ont des bas revenus soit presque 3 fois plus que les classes moyennes).
Double ou triple peine
Les personnes en précarité alimentaire sont aussi celles qui cumulent d’autres difficultés et fragilités. Qui dit manque d’argent pour se nourrir implique souvent manque d’argent pour se loger et pour se soigner. « Alors que 11% des personnes ne présentant pas de fragilité vis-à-vis de leur logement manquent de nourriture, c’est le cas de 34% des personnes vivant dans des logements surpeuplés ou pour qui les dépenses de logement représentent une très lourde charge". Même constat pour la santé. Là aussi, les personnes malades ou en mauvaise santé sont quasi 2 fois plus nombreuses à manquer de nourriture que les personnes en bonne santé (22% contre 12%). Faute d'argent, elles rognent à la fois sur l'alimentation et sur les soins médicaux. Enfin, l’insuffisance alimentaire touche plus fréquemment les personnes isolées que les personnes entourées (26% contre 14%).
La précarité alimentaire est corrélée au manque de revenus. Un constat somme toute assez logique mais qui ne paraît pas insoluble. « Ce résultat suggère que les aides à destination des personnes en situation de précarité alimentaire pourraient prendre une forme simple telle qu’un transfert monétaire à destination des personnes à plus faible revenu » suggère l’étude tout en précisant que cette approche pourrait être facile à mettre en œuvre. « Elle permet en outre une réponse relativement rapide et de limiter les conséquences sociales et de santé publique d’une difficulté prolongée d’accès à une alimentation suffisante » appuient les auteures de l’étude. La décision est maintenant dans le camp des politiques.