Actualité Crise sanitaire et jeunesse : des comportements à risque qui perdurent

Amaury Mestre de Laroque Amaury Mestre de Laroque
Publié le 22-06-2023

En bref

  • Les années passent mais la consommation de substances altérant la conscience reste tenace. Et avec, les comportements dangereux sur la chaussée sont légion. Le baromètre des addictions Ipsos/MACIF, pour sa troisième édition, révèle que le moral des 16-30 ans n’est toujours pas au beau fixe.
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Crise sanitaire et jeunesse : des comportements à risque qui perdurent Crédit : Goashape - Unsplash

Un baromètre mesure les variations d’un sujet pour en extraire des tendances. Celui-ci, pour sa troisième édition, porte toujours sur « les addictions et leurs conséquences chez les jeunes ». Conclusion ? Les comportements négatifs des jeunes demeurent préoccupants. Et les parties prenantes (IPSOS, MACIF, collectif d'experts et FAGE) de rappeler l'impact de la crise sanitaire sur la fragilité des jeunes Français et leur mal-être persistant. Habitude de consommation de substances addictives, utilisation excessive des écrans, comportements à risque, l’étude dresse un bilan sans concession des pratiques des 16-30 ans.

Si l’étude révèle que près de 60% de jeunes ont connu au moins une fois une perte de contrôle de leurs actions au cours des 12 derniers mois du fait de leur consommation d’alcool ou de drogues, ce chiffre s’infléchit légèrement par rapport à l’année précédente. Sans surprise, plus la consommation se veut régulière, plus la perte de contrôle se montre importante. Bien que cet indicateur soit stable en comparaison de 2022, il reste plus élevé que lors de la première mesure (71% en 2021). Qu’est-ce qui pousse à boire ? Le désir de s'amuser (40%), suivi de près par le besoin de déstresser (28%). Pour un quart des jeunes interrogés, l’alcool procure une sensation de bien-être (22%). Ce sont à peu près les mêmes raisons qui les poussent à consulter ad nauseam les écrans : le besoin d’amusement (45%), l’annihilation du stress (43%) et la recherche de bien-être (28%). Et le tabac n’est pas en reste en offrant à 46% des interrogés un moment de détente à l’instar des fumeurs de cannabis qui apprécient le produit pour ses propriétés relaxantes (38%). Les consommateurs de cocaïne, d'héroïne et d'ecstasy pointent quant à eux le besoin de se sentir bien (21%). Une fois de plus, la recherche de perte de contrôle reste l'un des motifs principaux de consommation, non seulement pour les consommateurs de drogues (cannabis 19%, cocaïne, héroïne et ecstasy 19%) comme d'alcool (18%).

Accidents, situations de violence ou problèmes financiers, 73% des 16-30 ans affirment avoir éprouvé des troubles, des sentiments de mal-être ou des difficultés au cours des 12 derniers mois. Un chiffre élevé, mais stabilisé en comparaison de l’année précédente (74%). Pour les adeptes de substances altérant la conscience, les conséquences de la consommation se manifestent par des épisodes d’échec scolaire et professionnel (36%, contre 38% en 2022), mais aussi par un isolement social (34%, stable par rapport à 2022). D'autres conséquences sont également mentionnées par près d'un tiers des consommateurs : problèmes financiers et troubles de la sexualité. Sans compter, pour un quart des consommateurs, sur les pensées suicidaires, les comportements autoagressifs. Près de 22% des sondés déclarent avoir été victimes d'agressions physiques ou sexuelles (contre 23% en 2022). Enfin, un consommateur sur cinq reconnaît avoir été impliqué dans un accident (19%). Si 7 jeunes sur 10 admettent être rentrés à pied après avoir consommé une substance, un tiers d'entre eux ont pris le volant d’une voiture ou le guidon d’un vélo. 1 sur 5 est déjà rentré en utilisant d’autres moyens (trottinette, hoverboard, rollers) quand ce n’est pas le scooter ou la moto (19%). Les gros consommateurs d’écrans (6h/jour et plus) ne sont pas en reste en se mettant en danger sur la voie publique (20% des interrogés) quand les deux tiers des sondés avouent avoir déjà utilisé leur téléphone, joué à des jeux ou consulté les réseaux sociaux tout en se déplaçant avec un véhicule. Et aussi stupéfiant que cela puisse paraître, un tiers des conducteurs de scooter a déjà regardé une série sur son téléphone tout en conduisant. De quoi inciter à ajuster le célèbre slogan de la sécurité routière diffusé en 1977, « voir ou conduire, il faut choisir » …

Focus

Un Français sur quatre fume encore tous les jours

Le tabagisme en France ne recule pas. C’est la conclusion d'une étude menée par Santé Publique France. En 2022, près d'un tiers des personnes âgées de 18 à 75 ans admettent être fumeuses (31,8 %), dont un quart (24,5 %) fume quotidiennement. Soit 12 millions de personnes. Ce tabagisme du quotidien concerne plus les hommes (27,4 %) que les femmes (21,7 %). Mais les écarts se creusent également en fonction du niveau d'éducation, avec une différence de 14 points entre les individus sans diplôme, ou avec un diplôme inférieur au baccalauréat (30,8 %), et ceux disposant d’un diplôme supérieur au baccalauréat (16,8 %). L'agence souligne que le stress lié à la crise sanitaire du Covid-19 pourrait avoir eu une influence sur la stagnation de la consommation et l'augmentation observée au sein de certaines populations. Ainsi, le tabagisme quotidien est plus marqué parmi le tiers de la population à revenus plus faibles (33,6 %), idem pour les personnes sans emploi (42,3 %). La population étudiante reste moins concernée par cette consommation quotidienne. L'enquête révèle également que parmi les fumeurs quotidiens, 59,3 % expriment leur volonté d'arrêter de fumer, tandis que 26,4 % ont l'intention de cesser dans les six prochains mois, et 30,3 % ont tenté d'arrêter pendant au moins une semaine au cours des 12 derniers mois. L'Organisation mondiale de la santé rappelle que le tabac représente « la plus grande menace pour la santé publique à laquelle le monde est confronté », causant huit millions de décès chaque année, dont 1,2 million dus au tabagisme passif. Selon les données les plus récentes datant de 2020, 36,7 % des hommes dans le monde sont fumeurs, contre seulement 7,8 % des femmes.

Alcool, tabac, cannabis: un seul site pour tout arrêter

Le CIDJ propose un outil d'information et de prévention à destination de tous les consommateurs et de leurs proches pour évaluer son niveau de dépendance et surtout trouver des solutions pour sortir des addictions. Témoignages, articles, vidéos, tests, contacts utiles, le portail santéaddiction offre des ressources précieuses et régulièrement enrichies. 

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